Le faubourg Saint-Honoré rassemble, depuis le XVIIIe siècle, l’essence même du luxe et de l’art de vivre à la française. Avec le faubourg Saint-Germain, il est un des lieux privilégiés de l’aristocratie qui y construit de somptueux hôtels particuliers.
Michel Étienne Turgot, Plan de Paris en 20 planches, 1734–1739, A. Taride, Paris, Bibilothèque nationale de France
Le Roule est érigé faubourg de la ville de Paris en 1722. Le quartier était auparavant essentiellement habité par des maraîchers, qui cultivaient les potagers et les vergers alentours. Le retour de la cour à Paris, lors de la Régence en 1715, change radicalement son aspect : les artistocrates peinent à se loger dans Paris, et la proximité du faubourg avec le Palais Royal, ainsi que les terrains disponibles, en font un lieu d’installation idéal. De très nombreux hôtels sont alors construits, et dotés de grands jardins d’agrément. L’urbanisation encore récente et peu dense permet de construire de nombreuses habitations seules, aux dimensions plus importantes que dans le centre de Paris. Les jardins surtout sont particulièrement travaillés. À la française d’abord, comme le jardin de Flore de l’hôtel de Brunoy, puis de plus en plus à l’anglaise, selon le goût nouveau dans la seconde moitié du siècle.
Bernard II Van Riesenburgh dit BVRB II, Bureau à double pente, probablement réalisé pour le fermier général François Balthazar Dangé du Fay pour l’hôtel de Villmaré place Louis-le-Grand, vers 1750, Los Angeles, J.P. Getty Museum (inv. 70.DA.87)
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Ce nouveau quartier attire dès la Régence des Parisiens raffinés. Plus ouvert que le faubourg Saint-Germain, il rassemble des membres éminents de la cour et de l’aristocratie, mais aussi de nombreux financiers. Ces derniers constituent une classe importante au XVIIIe siècle, et concentrent une grande partie de la fortune du royaume. Pour asseoir leur crédibilité, ils se doivent d’acheter des terres et des biens immobiliers dans les quartiers en vue, dont le faubourg Saint-Honoré. Le banquier de la Cour Nicolas Beaujon, le fermier général Jean-François Leroy de Senneville, ou encore le conseiller et receveur général des finances Jean-Marie Richard investissent ainsi dans le faubourg. Financiers et aristocrates louent ou font construire d’importants hôtels particuliers, qui rivalisent de richesse. Les architectes les plus à la mode sont chargés de les ériger : Germain Boffrand (1667−1754), Armand-Claude Mollet (1660−1742), Jean Cailleteau dit « Lassurance » (1690−1755) ou encore Étienne-Louis Boullée (1728−1799) construisent des hôtels dans le goût nouveau.
Bernard Molitor (attribué à), Lit de repos, vers 1787–1792, Richmond, Virginia museum of Fine Arts, ancienne collection galerie Léage
Le faubourg est aussi un lieu de commerce et d’artisanat. Pour répondre aux besoins de ses habitants, de nombreuses boutiques vendent une marchandise précieuse. La « Corbeille de fleurs », établie en 1775 par Jean-François Houbignant, parfumeur gantier, devient en quelques années le fournisseur de parfums, poudres et pommades le plus en vogue de Paris, ayant pour clientèle la Cour, la famille royale et même l’aristocratie européenne. Certains artisans décident également de s’installer dans le faubourg. Au milieu du siècle, la ville de Paris y possède une fonderie, dans laquelle est réalisée la sculpture équestre de Louis XV destinée à la place éponyme, dessinée par Edme Bouchardon. L’ébéniste Bernard Molitor (1755−1833) y installe également sa boutique-atelier à la toute fin du siècle, à l’angle de la rue du faubourg Saint-Honoré et de l’actuelle rue Boissy d’Anglas.
Jacques ou Philippe Caffieri, Lustre d’une paire à neuf bras de lumière aux armes de la marquise de Pompadour, provenant de la chambre de parade ou du salon des Muses de Madame de Pompadour à l’hôtel d’Évreux, vers 1750–1755, Paris, bibliothèque Mazarine.
Parmi tous les hôtels du faubourg, l’hôtel d’Évreux est un des plus beaux et des plus richement meublés. Construit par l’architecte Claude Mollet de 1718 à 1722 pour Louis de La Tour d’Auvergne, comte d’Évreux il est dessiné selon un plan d’une grande régularité, entre cour et jardin. En 1753, c’est la marquise de Pompadour qui jette son dévolu sur cet hôtel. Son architecte Lassurance repense les petits appartements, et elle le meuble avec l’aide du marchand mercier Lazare Duvaux. Plusieurs livraisons rue du faubourg Saint-Honoré sont mentionnées dans son Livre journal, notamment d’importants lustres en bronze doré. Elle y abrite également sa très grande collection de porcelaines, qu’elle expose dans ses appartements. À la mort de Madame de Pompadour en 1764, l’hôtel devient successivement résidence des ambassadeurs extraordinaires, puis Garde-Meuble de la Couronne et est finalement racheté par le financier Nicolas Beaujon en 1774, qui lui garde tout son prestige.
Jean-Baptiste Lallemand, Hôtel de Brunoy, rue du Faubourg-Saint-Honoré, vue depuis les Champs-Elysées, 1779–1781
Le faubourg Saint-Honoré est un des quartiers les plus modernes et les plus en vogue du Paris du XVIIIe siècle. Il rassemble aristocratie et finance, commerce du luxe et artisanat. Cet esprit le caractérise toujours, et on y trouve aujourd’hui également de nombreuses galeries dont la galerie Léage.
Bibliographie :
Béatrice de Andia, Rue du Faubourg-Saint-Honoré, 1997, Délégation générale à l’action artistique de la ville de Paris
Jean Coural, Le palais de l’Élysée, 1997, Délégation générale à l’action artistique de la ville de Paris
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