Bronze doré

L'interlude de la galerie : Bronze doré
Robert Osmond (attribuée à), Pendule à cadrans tournants, vers 1770, Galerie Léage

Le XVIIIe siècle est celui du bronze doré. Esthètes et artisans parisiens se prennent de passion pour ce métal, qui devient un incontournable des meubles et objets d’art d’exception.
 
André Charles Boulle, Commode, d’une paire, livrée en 1708 pour la chambre du roi au Grand Trianon, 1708, Versailles, Châteaux de Versailles et de Trianon (inv. VMB 14279.1)

© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

L’usage du bronze doré point au XVIIe siècle sous le règne de Louis XIV. Le goût du monarque pour le luxe, la couleur et la brillance joue un rôle prépondérant dans le choix de ce matériau. En 1664, il installe aux Gobelins l’ébéniste et fondeur italien Domenico Cucci (1635−1704), qui crée d’importants cabinets ornés de bronze doré, et livre également des éléments entièrement fait de ce métal. Entre 1680 et 1683, il réalise ainsi au moins six lustres de bronze doré, puis livre en 1683 douze paires de chenets. André-Charles Boulle (1642−1732) poursuit les recherches de son confrère italien, et fait du bronze doré un ornement indispensable au haut mobilier. Lui aussi ébéniste et bronzier, il livre en 1708 une paire de commodes pour la chambre de Louis XIV au Grand Trianon, qui pose les grands principes de l’ornementation en bronze sur le mobilier que suivra le XVIIIe siècle : chutes d’angles, poignées, sabots, contours des tiroirs, soulignent les lignes du meuble et l’enrichissent.
 

Jacques Caffieri (caisse), Ferdinand Berthoud (mouvement), Cartel, caisse vers 1745–1749, mouvement vers 1756, New York, Metropolitan museum of Arts (inv. 35.18)

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Paris rassemble les plus excellents bronziers, doreurs et ciseleurs du XVIIIe siècle. Les ateliers se forment et se perfectionnent à la fin du siècle précédent, notamment suite à la commande du mobilier d’argent de Louis XIV. La ville rassemble alors des artisans au savoir-faire exceptionnel, soutenu par le mécénat d’amateurs passionnés, et surtout de la Couronne. Ils créent des modèles remarquables d’originalité, de finesse dans la ciselure et de subtilité dans la dorure. Versailles est à l’origine de très nombreuses commandes, et les souverains se passionnent pour ce matériau. Ils abritent dans leurs ateliers du Louvre ou des Gobelins des artisans fameux : Boulle au début du siècle, Jacques (1678−1755) et Philippe (1714−1774) Caffieri, Pierre Gouthière (1732−1813)… L’entourage de la Couronne, mais aussi la noblesse et la bourgeoisie – notamment les fermiers généraux – tous adoptent le bronze doré et en couvrent leurs intérieurs, dans un esprit d’émulation qui stimule d’autant plus l’artisanat parisien.
 
Aiguière, d’une paire, 16621755, Paris, Musée du Louvre (inv. OA 5496)

© 2005 Musée du Louvre / Peter Haroldt

Les marchands merciers sont un des principaux moteurs de la diffusion du bronze doré dans les grandes demeures françaises. Arbitres du goût au XVIIIe siècle, ils trouvent dans ce métal un matériau leur permettant de maintenir une innovation constante et un luxe marqué. Ils imaginent de placer de nombreux objets, pièces de porcelaine, pierres dures ou objets d’art, dans de somptueuses montures de bronze doré. Pouvant associer les spécialités, ils font collaborer leurs bronziers favoris avec les meilleurs ébénistes, sculpteurs et ornemanistes, permettant de créer des pièces nouvelles d’une qualité remarquable. On leur demande également souvent d’entretenir et de restaurer des pièces précédemment livrées. Les dorures peuvent s’user, notamment celles des chenets, exposés au feu. Entre 1752 et 1754, Lazare Duvaux envoie ainsi chaque novembre des ouvriers au château de Bellevue pour un nettoyage complet des bronzes de Madame de Pompadour.
 
Pierre Gouthière (attribué à), Paire de vases-candélabres, vers 1775–1780, Houston, Museum of Fine Arts (inv. 2021.374.1,.2), ancienne collection Galerie Léage

Le bronze doré conquiert les intérieurs français au XVIIIe siècle : il orne mobilier, objets d’art, mais aussi serrures, crémones ou cheminées. Alors que les meubles se couvrent d’ornements de bronze d’après le modèle imaginé par Boulle au début du siècle, de nombreux objets d’art en sont uniquement constitués, appliques, flambeaux, candélabres ou chenets. Les pendules, objets d’orgueil et de curiosité pour leur propriétaire, se dotent également de caisses en bronze doré superbement sculpté et ciselé.
Le modèle français est attentivement observé et repris par les cours européennes. Les ambassadeurs et conseillers artistiques en visite à Versailles, les artisans français qui partent travailler à l’étranger ou encore les présents offerts par le roi véhiculent à travers toute l’Europe le goût français pour le bronze doré. Le bronze doré règne alors également au XVIIIe siècle sur les intérieurs des palais des plus grands souverains européens.

 
François Rémond, Candélabre à sept branches dit « aux autruches », d’une paire livrée en 1782 pour le second cabinet turc du comte d’Artois à Versailles, 1782, Versailles, Châteaux de Versailles et de Trianon (inv. OA 5315)

© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

Le bronze doré est la grande innovation et la grande richesse des arts décoratifs du XVIIIe siècle. Ornant le mobilier et les objets d’art, il est créé par des artisans au savoir-faire hors pair, et recherché par les amateurs les plus raffinés.
 
Bibliography :
Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Picard, 1987
Daniel Alcouffe, Anne Dion-Tenenbaum, Gérard Mabille, Les bronzes d’ameublement du Louvre, Éditions Faton, 2004
EXPOSITION CHICS D’INTÉRIEUR  
Prolongation exceptionnelle de l’exposition
Jusqu’au 31 octobre à la galerie Léage
 
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Joseph Dufour, Monuments de Paris, éditions de 1815–1830, collection Carolle Thibaut-Pomerantz

Georges Jacob, Console livrée en 1776 pour la princesse de Conti à l’hôtel du Lude, 1776, Galerie Léage

Louis Delanois (attribuée à), Paire de fauteuils à châssis, époque Louis XV, Galerie Léage

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