Paire de petites girandoles-candélabres à six bras de lumière 

France, époque Louis XIV, vers 1700
Bronze ciselé et doré, cristal de roche et verre soufflé 

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Ces girandoles reposent chacune sur une base circulaire moulurée à doucine inversée. Sur la coupole basse, s’élève le fût central en balustre qui supporte les six bras de lumière en forme de S (montés à goupilles) et se prolongent par des bassins circulaires supportant eux-mêmes huit pendeloques en forme de poires à facettes et se terminant par des bobèches unies. 

Le fût s’élève par une tige en métal cernée verticalement de chapelets de billes à facettes et olives, jusqu’au motif du sommet en bronze ajouré et élaboré, en forme de trèfle stylisé. 

Il est ponctué de trois rouelles disposées en rayons de longueurs décroissantes comportant chacune six tiges habillées de billes torsadées se terminant par une rosace épanouie à sept pétales, au bout de laquelle pend une poire à facettes.
Le niveau inférieur est disposé obliquement et est rattaché au fût par de petites perles dont certaines sont en verre de couleur verte. 

Le second niveau est constitué de doubles rayons-tiges (douze) disposées pour les uns horizontalement et obliquement pour les autres, en alternance autour du fût, s’achevant chacun par une rosette et une poire.
Les obliques sont également maintenues par de petites perles vertes et en cristal. 

Le troisième niveau à six tiges disposées en étoile se termine par une poire à facettes. 

Les girandoles au XVIIe siècle 

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce type de candélabre était appelé girandole, car les bras sont disposés autour d’un axe central un peu comme les rayons d’une roue. Le terme est dérivé du girare italien qui signifie tourner, et de la girandola, un appareil pyrotechnique qui tournait comme une roue horizontale. 

En 1690, dans le dictionnaire universel de Furetière, le terme girandole était défini comme « un chandelier composé de plusieurs branches et bassinets qui aboutit en pointe, et qui a un pied servant à le poser sur des buffets ou de hauts guéridons ». L’ensemble est orné de perles de cristal de roche, de verre ou de pierres semi-précieuse afin de créer un grand nombre de surfaces réfléchissantes afin de produire autant d’éclat que possible. 

Ces luminaires se développèrent au milieu du XVIIe siècle et apparaissent pour la première fois dans les inventaires royaux français vers 1660.
Les girandoles de petites tailles, à l’image de celles-ci, étaient généralement placées sur des tables ou guéridons torchères dont la hauteur variait entre 0,90 m et 1,80 m. Elles comportaient trois à sept bras de lumières et étaient ornées de plaquettes et perles à facettes en cristal de roche. Vers 1670, le cristal de roche étant cher, les girandoles et les lustres furent progressivement fabriqué en France avec des éléments en verre, suivant les mêmes modèles que ceux en cristal de roche ; à la fin du siècle, le verre avait presque entièrement remplacé le cristal de roche. Dans les inventaires de cette période il est par ailleurs difficile de dire quel matériau a été utilisé, car le verre portait le nom de cristal en France. 

Ce matériau servait à réfléchir la lumière des bougies qui, bien choisi et travaillé « faisait jouer la lumière sans aucun équivalent ».

Exemple d’acquisition de girandoles par Louis XIV 

On peut lire dans le registre du garde-meuble de la Couronne en date du 26 février 1691 : 

« apporté de l’hôtel Colbert céans (ici) quarante girandoles de cristal à six branches et six bobèches et en haut une septième bobèche qui termine que le Roy a fait acheter à l’inventaire des meubles de feu monsieur le marquis de Seigneley (Colbert), … le Roy en a donné douze à S.A.R. Monsieur frère unique de sa Magesté, lesquelles douze girandoles j’ay aujourd’hui … délivré ». 

Les vingt-huit autres furent envoyées au miroitier De la Roue afin d’être modifiées et surmontées d’une fleur de lys.
Elles furent ensuite placées dans les appartements royaux du château de Versailles.
Après la fonte du mobilier d’argent en 1689, Louis XIV s’était fait présenter « des girandoles de cristal à six branches de cuivre doré à consoles, garnies de cristal, faites pour modèle pour la Grande Galerie de Versailles ». 

Lors d’un bal donné pour la Duchesse de Bourgogne à Versailles en 1700 « il y avait sur tous les pilastres les demi-girandoles à cinq branches d’argent. Ces girandoles… ont été nouvellement inventées par M. Bérain ». 

  • Hauteur : 37,5 cm – 14 3⁄4 inches
  • Diamètre : 30,5 cm – 12 inches

    • Paire de girandoles, vers 1680–1690, Los Angeles, J.P. Getty museum (inv. 85.DF.382)

    • Paire de girandoles, vers 1680–1700, Los Angeles, J. P. Getty Museum (inv. 99.DF.46)

    • Paire de girandoles à six lumières, XVIIIe siècle, New York, Metropolitan museum (inv. 1989.22.2)

    • Girandoles, XVIIe siècle, Paris, Musée Carnavalet (inv. MB370‑1)

    • Gillian Wilson, Charissa Bremer-David et Jeffrey Weave, “French furniture and Gilt Bronzes – Baroque and Régence” , Catalogue of the J. Paul Getty Museum Collection, The J. Paul Getty Trust 2008. N°33, pages 292 à 295.

    • Peter Thornton, XVIIth century Interior Decoration in England, France and Holland, chapitre XI, p. 268 à 281, ill n°2 et 270 (p. 227) dessin illustré p. 298, Yale University press, New Haven et London, 1981.