Paire de médaillons en verre églomisé représentant le château de Saint-Cloud et l’Arsenal de Berlin 

France, première moitié du XVIIIe siècle
Or et argent sur plaques de verre églomisé
Marquées en haut « Veüe du château de St Cloud » et « Veüe de l’Arsenal de Berlin » 

De forme ovale, ces deux plaques en verre églomisé présentent respectivement une vue du château de Saint-Cloud et une vue de l’Arsenal de Berlin.

Au premier plan de la « veüe du château de St Cloud », marchant sur un espace pavé, se tient un homme en tenue de cour promenant son chien. Face à la grille, un autre homme et son fils regardent le château. Au milieu, figure un portail richement armorié. Derrière, on voit le corps central du château et deux ailes, avec de nombreuses fenêtres, de riches colonnes et des frontons. De la fumée sort d’une des cheminées. La bordure de la plaque est constituée de trois frises cornées de filets dans les tons d’argent et or. La frise centrale est ornée de motifs d’écailles de poissons superposées, ponctuée de huit petits médaillons ovales formés par des sortes d’entrelacs. 

Au premier plan de la « veüe de l’arsenal de Berlin », sur un espace pavé, un homme vu de dos s’éloigne en marchant vers l’une des ailes de l’arsenal. Deux personnages discutent et un chien debout sur ses pattes arrière, semble vouloir jouer. Très légèrement à droite, circule un carrosse armorié entraîné par deux chevaux. Transportant une dame, il est dirigé par un cocher et un valet en livrée. Derrière, figure le palais aux très nombreuses fenêtres, qui est richement orné de colonnes, trophées et sculptures particulièrement au-dessus du balustre près des toits. De la fumée s’échappe de l’une des cheminées. La bordure de la plaque est semblable à celle du château de Saint-Cloud. 

Chaque cadre en bois doré est sculpté de motifs affrontés à enroulements d’où s’échappent de chaque côté des tiges fleuries et feuillagées, ponctuées de cartouches, le tout sur fond de grains d’orge. En léger retrait, une autre frise figure des feuillages. La frise extérieure est constituée de godrons. 

La technique du verre églomisé 

Technique remontant à la période de l’Antiquité, le verre églomisé consiste à fixer une mince feuille d’or ou d’argent sous le verre, à exécuter le dessin à la pointe sèche sur le support puis à maintenir ce dernier par une seconde plaque de verre.

Ce procédé utilisé en Bohême sous le nom de « Zwischengoldglässer » ne possède pas d’équivalent en Français. 

Marchand d’estampes, dessinateur, graveur et expert des ventes à Paris au XVIIIe siècle, c’est Jean-Baptiste Glomy (1711−1786) qui remit ce procédé à la mode. Associé au marchand Helle, il publia un catalogue raisonné des eaux fortes de Rembrandt. Il utilisa notamment ce procédé pour encadrer ses gravures en les cernant d’un filet d’or, donnant par la suite son nom à cette technique. 

L’Arsenal de Berlin 

L’Arsenal de Berlin, actuel musée historique allemand, est l’un des plus importants bâtiments baroques allemand. Situé sur l’avenue Unter den Linden, le premier projet de bâtiment fut conçu en 1685 par l’architecte français François Blondel (1618−1686) sur mandat du « Grand Electeur », Frédéric-Guillaume Ier de Brandebourg. Pour des questions financières, ce n’est qu’on 1695 que le fils et successeur de Frédéric ‑Guillaume, Frédéric III, futur Frédéric Ier de Prusse posa la première pierre pour la construction du bâtiment. Les travaux se poursuivirent de 1695 à 1706 en face du palais Hohenzollern et firent intervenir quatre architectes : Johann Arnold Nering, Martin Grünberg, Andreas Schlueter et enfin Jean de Bodt. L’édifice, qui servait d’arsenal, exprimait la revendication de souveraineté du jeune électorat. Il est constitué de quatre ailes de quatre-vingt dix mètres de longueur chacune autour d’une cour intérieure dont on peut percevoir l’harmonie classique stricte sur ce verre églomisé, adoucis par de riches sculptures baroques. 

L’ensemble fut transformé en musée sous l’impulsion de l’empereur Wilhelm I de 1877 à 1880 qui fit procéder à d’importantes modifications architecturales afin d’adapter le bâtiment dont en particulier l’installation d’une verrière sur la cour intérieure et d’un escalier intérieur. Après de graves destructions pendant la Seconde Guerre mondiale, l’arsenal a été reconstruit à partir de 1948. Plus récemment, il a également connu une importante rénovation entre 1999 et 2003 selon les plans de l’architecte Winfried Brenne qui ont permis de retrouver les sculptures architecturales et la façade de couleur rose de la période baroque. Il accueille depuis 1990 le musée historique allemand. 

Le château de Saint-Cloud 

Débutée au XVIe siècle, l’histoire du château de Saint-Cloud et de son parc est marquée par l’année 1577, date à laquelle Catherine de Médicis (1519−1589) offre à Jérôme de Gondi, banquier d’origine florentine, l’hôtel d’Aulnay, acquis par la couronne quelques années auparavant sur le flanc du coteau dominant la Seine. Devenu une élégante demeure Renaissance surplombant un jardin en terrasses suite à d’importants travaux, le château passe ensuite entre les mains du banquier protestant Barthélemy Hervart en 1654. Après avoir fait construire une nouvelle aile reliée au bâtiment ancien, ce dernier est contraint dès 1658 de céder le domaine à la couronne afin de permettre à Philippe d’Anjou, futur duc d’Orléans et frère du roi, de posséder une résidence aux portes de la capitale. Passionné par Saint-Cloud, il confie le soin de l’embellir à l’équipe formée par Le Nôtre, jardinier et contrôleur général des bâtiments du roi et les architectes Le Pautre et Hardouin-Mansart. Conservant le logis initial qui devient l’aile sud du château et où prennent place les appartements princiers, il fait construire un corps de bâtiment central qui accueillera la suite royale et la chapelle, et une aile nord dans laquelle est installée la Galerie d’Apollon dont les décors sont confiés à Pierre Mignard. L’ensemble prend alors la forme en U autour d’une cour d’honneur rectangulaire que l’on voit sur ce tableau. Toujours bienveillant, Monsieur admettait librement le public, même lors des visites royales, et laissait les véhicules parcourir le bas-parc. La scène située au premier plan de de ce verre églomisé où l’on voit un homme se promenant avec un chien tandis qu’un autre accompagné d’un enfant auquel il semble donner des explications en regardant le château illustre l’habitude qu’avait prise les contemporains de pouvoir accéder à proximité de ce dernier dont ils sont séparés ici par une grille. 

En février 1785, Louis XVI achète le château à son cousin Philippe, futur « Philippe Egalité », pour la reine Marie-Antoinette. L’architecte de la reine, Richard Mique, effectue une reconstruction partielle et un aménagement nouveau des espaces intérieurs, travaux qui dureront jusqu’en 1788. Assignée à résidence aux Tuileries à partir du mois d’octobre 1789, la famille royale est autorisée à séjourner à Saint-Cloud pendant la belle saison. Le 1er novembre 1790, la cour quitte Saint-Cloud. Devenu bien national, le château n’est plus habité sous la Révolution et ses meubles sont vendus. 

Remis en état à la demande de Napoléon, il devient résidence d’été des souverains au XIXe siècle. Après la déclaration de guerre à la Prusse, les plus importantes œuvres d’art du château sont transférées au Mobilier national et au Palais du Louvre. Investi par les troupes prussiennes, le château est incendié en 1870, un obus français destiné aux batteries prussiennes postées dans le parc ayant malencontreusement explosé dans la chambre de l’Empereur.

Trop intimement lié aux souvenirs de la monarchie et de l’Empire, le bâtiment resté à l’état de ruine pendant vingt ans est rasé en 1892. 

  • Hauteur : 18 cm – 7 18 inches
  • Largeur : 24 cm – 9 3⁄4 inches
  • Hauteur (avec cadre) : 28,5 cm – 11 1⁄4 inches
  • Largeur (avec cadre) : 36 cm – 14 18 inches

    • Rudy Eswarin, « Terminology of verre églomisé », in Journal of Glass Studies, Vol. 21, 1975. Paul Guth, « Toute la vérité sur le verre églomisée », in Connaissance des Arts, n°66, août 1957, p. 28.

    • W.B Honey, « Gold engraving unde glass », in The Connoisseur, n°92, décembre 1933.

    • F.A Montenay, Saint Cloud, une vie de château, Vogele Edition, Genève, 2005. F. Sydney Eden, « Verre églomisé », in The Connoisseur, n°32, juin 1932.