Paire d’appliques à deux bras
à motifs de feuilles de chêne et de fleurs
Paris, époque Régence, deuxième quart du XVIIIe siècle
Elles présentent chacune un fût central de forme mouvementée, à enroulements, orné d’un décor de volutes, de fleurs, de feuilles d’acanthe et de chêne. Les fûts s’achèvent dans le bas par une chute feuillagée et fleurie. Presque au milieu, au centre d’une fleur, émerge un bras se dédoublant en deux branches rocailles entrelacées, reprenant les motifs du fût. Les bassins sont formés de feuilles épanouies, incurvées. Les bobèches sont à motifs de côtes, et cannelures variées et stylisées.
Des appliques Régence
Cette paire d’appliques à deux branches est caractéristique des modèles développés sous la Régence, période qui s’étend du décès de Louis XIV en 1715 à la majorité de Louis XV en 1723 durant laquelle Philippe d’Orléans exerça le pouvoir. Dans le langage artistique, elle ne peut cependant se résumer aux quelques années de présence au pouvoir de Philippe d’Orléans. S’étendant du tout début du siècle à 1730 environ, elle correspond à un moment d’intense créativité. Marquée par l’épanouissement d’un esprit de jeunesse et de légèreté, une révolution artistique initiée à la toute fin du XVIIe siècle se poursuit alors. Dès 1699, Louis XIV écrit, en marge d’un projet de Mansart pour les appartements de la duchesse de Bourgogne au château de La Ménagerie, qu’il « y a quelque chose à changer, que les sujets sont trop sérieux et qu’il faut qu’il y ait de la jeunesse mêlée dans tout ce que l’on fera ». La légèreté et la gaieté des grotesques de Jean Bérain (1640−1711) d’abord, créées après 1680, et de Claude III Audran (1658−1734) ensuite, ouvrent la voie à une ornementation riante et à des formes chantournées dans le décor dont les bronzes dorés sont un témoignage majeur.
La cheminée est à cette époque le principal pôle d’intérêt d’une pièce, regroupant autour d’elle les accessoires en bronze doré parmi les plus remarquables comme les chenets, les flambeaux ou les girandoles, disposés sur le manteau, ou encore les bras de lumière fixés directement sur l’encadrement du trumeau de glace.
Ces nombreux objets d’art suscitèrent toute l’attention des créateurs de l’époque, qui imaginèrent une grande variété de formes. Les bras de lumière firent ainsi l’objet d’un foisonnement de dessins dont ceux d’André-Charles Boulle (1642−1732) marquent un jalon important. Connus par leur gravure de Jean Mariette (1660−1742), après 1707 et avant 1730, ils contribuèrent à faire émerger une esthétique plus légère où les ornements asymétriques se firent de plus en plus présents.
Ils correspondent également à la naissance d’un nouveau mode d’éclairage, la plaque étant alors détrônée par le bras, sur lequel les branches jouent un rôle décoratif aussi important que l’élément fixé au mur. Accrochés de part et d’autre des miroirs, leurs lumières démultipliées illuminaient la pièce d’un éclat supplémentaire.
Datable des années 1720, ces appliques sont représentatives de l’évolution de leurs formes durant le début de la période de la Régence. Elles reprennent le principe développé au début du siècle associant à un fût assez discret des bras prenant de plus en plus d’importance. Le fût est ici encore marqué par l’esthétique du début du siècle, circonscrit dans une forme droite, le désir d’asymétrie transparaissant cependant dans la volute constituant la trame principale aux prémices de l’art rocaille. Ce sont donc essentiellement les branches qui révèlent l’évolution en germe sous la Régence vers des lignes plus exubérantes, chacune étant traitée différemment, comme les tiges d’une plante imaginaire.