Pendule à l’enlèvement d’Europe en bronze doré et patiné
France, époque Louis XV, milieu du XVIIIe siècle
Attribué à Robert Osmond (1711 – 1789)
Mouvement signé sur l’émail Viger a Paris et la plaque arrière Viger A Paris no. 743
Bronze doré, ciselé et patinéProvenance
- Ancienne collection Madame de Polès, vente Galerie Charpentier à Paris, les 17–18 novembre 1936, lot 151 (vendu à Frey)
- Collection Sanders
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Caractéristique des modèles pittoresques de l’époque Louis XV, notre œuvre associe un taureau en marche, une patte antérieure levée, l’attitude placide posant sur un socle rocaille traitée au naturel sur des volutes feuillagées et trois figures de femmes. Il porte sur son dos le mouvement tenu par une sangle fixée sous le poitrail.
La représentation de celui-ci fait directement référence à l’enlèvement d’Europe, l’une des métamorphoses utilisées par Zeus pour enlever Europe, la fille du roi de Phénicie.
La caisse accueillant le mouvement est sommée d’une jeune femme tenant une guirlande. La grande qualité de cette pendule apparait également à l’arrière, finement repercé de rinceaux feuillagés. Le cadran émaillé blanc indique les heures en chiffres romains, les minutes en chiffres arabes et porte la signature Viger à Paris, reproduite de manière manuscrite au contre émail.
L’engouement pour les pendules au taureau
Le XVIIIe siècle fut marqué par un engouement important pour l’exotisme, particulièrement sous le règne de Louis XV. Fascinés par les pays lointains et leur faune, la vogue pour les chinoiseries et les pendules à animaux fut considérable. Ces derniers, éléphants, dromadaires, rhinocéros, lions … découverts par l’intermédiaire du Roi de Siam qui, en 1686, en offre à Louis XIV inspirèrent rapidement les bronziers. L’attrait pour la faune européenne, s’il est plus discret n’est toutefois pas absent, surtout lorsqu’il peut être assimilé à la légende antique comme le taureau.
Les grands bronziers de l’époque comme Robert Osmond et Jean-Joseph de Saint-Germain se sont emparés de cet animal en multipliant les effets décoratifs ; ainsi certains grands modèles présentent deux jeunes femmes près du taureau, comme c’est le cas de la pendule signée de Saint-Germain, avec un cadran de Gilles l’Aîné, conservée au Grand Cabinet de Madame Victoire au château de Versailles (dépôt du Musée du Louvre en 1975) lieu où il se trouvait en 1784 suivant l’Inventaire des Pendules du Roy établi cette même année, une pendule de cheminée en bronze doré d’or moulu représentant l’Enlèvement d’Europe, haute de 21 pouces sur 18 pouces de large.
Notre modèle suit le même principe mais le taureau se dirige vers la droite alors qu’il est orienté vers la gauche dans le modèle du modèle du Louvre signé Saint-Germain.
Robert Osmond (1711−1789)
Robert Osmond (1711−1789) peut être considéré comme l’un des plus importants bronziers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Né en Normandie, à Canisy, près de Saint-Lô en 1711, Robert Osmond fit son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable et fut reçu Maître Fondeur- ciseleur en 1746. Reconnu par ses pairs, il fut nommé juré de sa corporation en 1756.En 1753, son neveu Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) quitta la Normandie pour le rejoindre. Ce dernier, reçu maître en 1764, travailla après cette date avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre.
L’activité de Robert Osmond se situe entre la fin des années 1740 et le milieu des années 1770, puisqu’en 1781 il fut désigné comme ancien maître fondeur. Jean-Baptiste, qui continua de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connut bientôt des difficultés et fit faillite en 1784. Son oncle Robert mourut en 1789.
Bronziers et ciseleurs prolifiques, s’illustrant d’abord dans le style rocaille, au début des années 1760, les Osmond surent s’adapter au nouveau style néoclassique.
Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement (chenets, appliques et encriers), ils sont surtout connus pour avoir laissé leur nom sur un assez grand nombre de pendules et de cartels dont les mouvements étaient confiés aux plus grands horlogers de l’époque comme Jacques Lepaute, Ferdinand Berthoud, Julien Le Roy, Jacques Lepaute, Robert Robin.Ses œuvres furent particulièrement prisées des grands collectionneurs et aristocrates. C’est ainsi que le fameux financier Beaujon et le Duc de Choiseul-Praslin possédèrent des pendules et cartels de sa production. Travaillant également pour l’un des plus grands marchand-mercier du XVIIIe siècle, M. Lazare-Duvaux, ils livrèrent également par son intermédiaire pour Louis XV des œuvres destinées au château de Saint-Hubert et des Tuileries.
Évocateur du talent des Osmond, cette pendule illustre l’inventivité de ces derniers capables de proposer de nouveaux modèles s’adaptant à l’engouement récent pour les pendules à motifs animaliers. La ciselure de cette dernière témoigne de plus de l’excellence du travail de ces artistes ayant atteint le plus haut niveau de maîtrise de leur art.
François Viger (vers 1708–1784)
L’Horloger François Viger était ouvrier libre en 1733. Il fut reçu maître le 8 août 1744 par arrêt du 17 juillet 1774 le relevant du défaut d’apprentissage.
Partiellement formé par Louis Jouard, Viger fut un notable fabricant et marchand de pendules. Les pièces sorties de son atelier étaient d’une qualité parfaite. Il fut un des principaux clients de Jean-Joseph de Saint-Germain, Balthazar Lieutaud, Antoine Foullet, Robert et Jean-Baptiste Osmond, Robert Morlay. Parmi ses clients figura le duc de Belle-Isle.Madame de Polès
La vente de la collection de Madame de Polès, qui eut lieu à la Galerie Georges Petit en 1927 et Galerie Charpentier en 1936 fut un événement marquant pour le marché de l’Art des beaux- arts et arts décoratifs français, comprenant des œuvres historiques de Fragonard, Boucher et Hubert Robert aux côtés de chefs‑d’œuvre des meilleurs ébénistes du XVIIIe siècle tels André- Charles Boulle, Martin Carlin, Jean-Henri Riesener, David Roentgen et R.V.L.C (Roger Vandercruse).
- Hauteur : 55,2cm – 21 3⁄4 inches
- Hauteur : 44,5 cm – 17 1⁄2 inches
- Profondeur : 21,5 cm – 8 1⁄2 inches
- Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers de Temps, Paris, Éditions Antiquorum, 1996.
- Charissa Bremer-David, Decorative Arts : An Illustrated Summary Catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, J. Paul Getty Museum, 1993, p. 90, no. 140.
- Burton B. Fredericksen, Jiří Frel, Gillian Wilson, Guidebook : The J. Paul Getty Museum. 4th ed. Sandra Morgan, ed., Malibu, J. Paul Getty Museum, 1978, p. 100–1, ill
- Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française, du Moyen Age au XXe siècle, Paris, Les Éditions de l’Amateur, 1997, p.132–133.
- Hans Ottomeyer et Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen, Tome I, Munchen, Klinkhardt & Biermann, 1986, p.125, fig.2.8.7.
- Gillian Wilson, European Clocks in the J. Paul Getty Museum, Malibu, J. Paul Getty Museum, 1996, p. 102–107, n°14
- Adrian Sassoon, Gillian Wilson, Decorative Arts : A Handbook of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, J. Paul Getty Museum, 1986, p. 41, no. 88
- Gillian Wilson, Decorative Arts in the J. Paul Getty Museum, Malibu, J. Paul Getty Museum,1977, p. 51, 59, no. 67.
- Gillian Wilson, Clocks : French Eighteenth-Century Clocks in the J. Paul Getty Museum, Malibu, J. Paul Getty Museum, 1976, p. 56–59, no. 11.
- Tardy, La Pendule Française. vol. 1, Paris, Tardy, p. 172, ill. 3.
Console en bois sculpté et doré à motifs de rameau et feuillages
France, premier quart du XVIIIe siècle, vers 1715
Bois sculpté et doré
Marbre rouge royalCette console présente en son centre un motif de rosace entourée par des feuilles.
Elle repose sur deux pieds à ressaut se terminant par des sabots. Les montants des pieds sont ornés de feuilles, de godrons et d’épis de blé. Ils sont reliés par une entretoise à motif de coquille d’où part un rameau feuillu qui remonte presque jusqu’à la ceinture.Histoire et spécificité des consoles durant le règne de Louis XIV
Classée dans les meubles de menuiserie, la table console est avant tout un meuble d’architecture dans lequel s’est particulièrement épanoui l’art du bois doré. Née à la fin du XVIIe siècle, elle accompagne l’apparition des grands trumeaux de glace et s’installe durablement dans le décor intérieur tout au long du siècle suivant. À l’origine, élément fixe du lambris, elle est créée pour un lieu précis, le plus souvent à l’entrefenêtre ou bien en pendant d’une cheminée dont les marbres sont alors assortis ; on y expose des objets de collection : statues de bronze, vases précieux, etc.
Si les premières consoles créées sous le règne de Louis XIV présentent des piétements en forme de termes ou de gaines, ceux-ci ont eu tendance à prendre des formes sinueuses dans les dernières années du XVIIe siècle à l’image de cette console.
Clairement faite pour être appliquée au mur et pour être vue de face, cette console est richement ornée de sculpture de femmes aux coiffures ornées de plumes sur la partie avant. Aujourd’hui, séparée de son environnement d’origine, elle témoigne de la verve créatrice qui s’empara des sculpteurs ornemanistes dans ce domaine. Sa création relève de l’activité des architectes, des ornemanistes et des sculpteurs.
- Hauteur : 79 cm – 31 inches
- Largeur : 120 cm – 47 1⁄4 inches
- Profondeur : 55 cm – 22 3⁄4 inches
- Daniel Alcouffe, Yves Carlier, Gérard Mabille, 18e aux sources du design, chefs‑d’œuvre du mobilier 1650–1790, Dijon, Éditions Faton, 2014.
- Bill G.B. Pallot, L’Art du siège au XVIIIe siècle en France, Paris, A.C.R. Gismondi, 1987.
- Bill G.B. Pallot, Le Mobilier du musée du Louvre, volume II, Siège et consoles (menuiserie)
- XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Éditions Faton, 1993.
- Anne-Marie Quette, Le Mobilier français Louis XIII-Louis XIV, Paris, Éditions Massin, 1996.
Paire d’appliques à deux bras à motifs de feuilles de chêne et de fleurs
Paire d’appliques à deux bras
à motifs de feuilles de chêne et de fleurs
Paris, époque Régence, deuxième quart du XVIIIe siècleElles présentent chacune un fût central de forme mouvementée, à enroulements, orné d’un décor de volutes, de fleurs, de feuilles d’acanthe et de chêne. Les fûts s’achèvent dans le bas par une chute feuillagée et fleurie. Presque au milieu, au centre d’une fleur, émerge un bras se dédoublant en deux branches rocailles entrelacées, reprenant les motifs du fût. Les bassins sont formés de feuilles épanouies, incurvées. Les bobèches sont à motifs de côtes, et cannelures variées et stylisées.
Des appliques Régence
Cette paire d’appliques à deux branches est caractéristique des modèles développés sous la Régence, période qui s’étend du décès de Louis XIV en 1715 à la majorité de Louis XV en 1723 durant laquelle Philippe d’Orléans exerça le pouvoir. Dans le langage artistique, elle ne peut cependant se résumer aux quelques années de présence au pouvoir de Philippe d’Orléans. S’étendant du tout début du siècle à 1730 environ, elle correspond à un moment d’intense créativité. Marquée par l’épanouissement d’un esprit de jeunesse et de légèreté, une révolution artistique initiée à la toute fin du XVIIe siècle se poursuit alors. Dès 1699, Louis XIV écrit, en marge d’un projet de Mansart pour les appartements de la duchesse de Bourgogne au château de La Ménagerie, qu’il « y a quelque chose à changer, que les sujets sont trop sérieux et qu’il faut qu’il y ait de la jeunesse mêlée dans tout ce que l’on fera ». La légèreté et la gaieté des grotesques de Jean Bérain (1640−1711) d’abord, créées après 1680, et de Claude III Audran (1658−1734) ensuite, ouvrent la voie à une ornementation riante et à des formes chantournées dans le décor dont les bronzes dorés sont un témoignage majeur.
La cheminée est à cette époque le principal pôle d’intérêt d’une pièce, regroupant autour d’elle les accessoires en bronze doré parmi les plus remarquables comme les chenets, les flambeaux ou les girandoles, disposés sur le manteau, ou encore les bras de lumière fixés directement sur l’encadrement du trumeau de glace.
Ces nombreux objets d’art suscitèrent toute l’attention des créateurs de l’époque, qui imaginèrent une grande variété de formes. Les bras de lumière firent ainsi l’objet d’un foisonnement de dessins dont ceux d’André-Charles Boulle (1642−1732) marquent un jalon important. Connus par leur gravure de Jean Mariette (1660−1742), après 1707 et avant 1730, ils contribuèrent à faire émerger une esthétique plus légère où les ornements asymétriques se firent de plus en plus présents.
Ils correspondent également à la naissance d’un nouveau mode d’éclairage, la plaque étant alors détrônée par le bras, sur lequel les branches jouent un rôle décoratif aussi important que l’élément fixé au mur. Accrochés de part et d’autre des miroirs, leurs lumières démultipliées illuminaient la pièce d’un éclat supplémentaire.
Datable des années 1720, ces appliques sont représentatives de l’évolution de leurs formes durant le début de la période de la Régence. Elles reprennent le principe développé au début du siècle associant à un fût assez discret des bras prenant de plus en plus d’importance. Le fût est ici encore marqué par l’esthétique du début du siècle, circonscrit dans une forme droite, le désir d’asymétrie transparaissant cependant dans la volute constituant la trame principale aux prémices de l’art rocaille. Ce sont donc essentiellement les branches qui révèlent l’évolution en germe sous la Régence vers des lignes plus exubérantes, chacune étant traitée différemment, comme les tiges d’une plante imaginaire.
- Hauteur : 41 cm – 16 inches
- Largeur : 31 cm – 12 inches
- Calin Demetrescu, Le style Régence, Paris, Éditions de l’Amateur, 2003.
- Sous la direction de João Castel-Branco Pereira, Designing the Décor – French drawings from the 18th century, Lisbon, Calouste Gulbenkian Foundation, 2005.
- Hans Ottomeyer, Peter Pröschel, Vergoldete bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, München, Klinkhardt & Biermann, 1986, vol. 1, pp. 64, 66–67.
- Gilles-Marie Oppenord (1672−1742), Recueil des œuvres de Gilles-Marie Oppenord, Premier architecte de Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du Royaume, planche CVII, imprimé par Gabriel Huquier (1695−1772), après 1742, Cooper-Hewitt, National Design Museum, Smithsonian, New York, Gift of the Council, inv. 1921−6−216−74
- Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1987.