Pendule Transition Martin · Astronomie

Paris, époque Louis XVI, vers 1780
Bronze ciselé, doré et patiné
Attribué à Jean-Louis Prieur (1759−1795)
Réalisée par René-François Morlay
Le mouvement est signé Martin à Paris

Le cadran circulaire émaillé blanc, légèrement postérieur, indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré. Le mécanisme est signé Martin à Paris à l’arrière. Il s’inscrit dans une caisse en bronze ciselé, patiné et doré. Sur le côté gauche, une figure féminine debout vêtue d’une toge « à l’antique », chaussée de sandales à lanières et les cheveux relevés en chignon, légèrement inclinée au-dessus de la boîte du mouvement, se penche sur de longues feuilles de parchemin simulées qu’elle tient par un coin, de la main gauche. Ainsi, elle symbolise l’Astronomie. Entre deux feuilles, s’échappe une forte chute de branches fleuries et feuillagées retombant de l’autre côté de la caisse. À droite de cette dernière, un jeune amour ailé évolue sur une étoffe qui recouvre une mappemonde, des livres, une équerre, un porte- fusain et un rapporteur, attributs évoquant la connaissance du Monde. La boîte cylindrique du mouvement est ornée d’une lunette à décor de feuilles de chênes et de glands. Elle pose sur plusieurs contre-socles parallélépipédiques supportés par une base en doucine à motifs de grandes feuilles aplaties. La base géométrique à ressauts est ornée dans des encadrements en réserve de deux rosaces tournoyantes sur la face, de frises de fleurettes et pastilles en léger retrait (sur le revers) et de fortes guirlandes de feuilles de chênes et de glands sur la face et les côtés. Enfin, la pendule repose sur quatre petits pieds quadrangulaires droits et à cannelures.

Un modèle à succès de pendule de René-François Morlay

Cette pendule a très vraisemblablement été exécutée d’après un dessin du célèbre ornemaniste Jean-Louis Prieur, dont le style semble caractéristique des années 1770. Une pendule identique fut livrée en décembre 1771 pour la chambre de la comtesse de Provence au château de Versailles, appartenant aux collections du mobilier national et aujourd’hui exposée au château de Versailles. La description de celle-ci au moment de sa livraison correspond bien à ce modèle même si le rédacteur a dû inverser droite et gauche :

« Pour servir dans la chambre à coucher de Madame la Comtesse de Provence au château de Versailles. Une pendule faite par Lépine horloger du Roy allant 15 jours, sonnant les heures et les demi heures, le cadran d’émail entouré d’une guirlande de fleurs ayant 7 pouces de diamètre, les aiguilles dorées, portée sur un socle d’architecture orné sur les faces de guirlandes de laurier, ayant à droite [sic] une figure de femme qui représente l’Astronomie appuyée à gauche sur un rouleau et tenant de la main droite une plume et à droite un génie sur un globe et sur des livres qui regarde l’heure, le tout en bronze ciselé et doré d’or moulu, ayant 18 pouces de large sur 20 pouces de hauteur ».

Un autre exemplaire similaire à cette pendule est conservé au Musée des arts décoratifs de Paris (inv. 36244). Un troisième exemplaire de cette pendule, signée René-François Morlay est conservée dans une collection privée et est reproduite dans l’ouvrage de Jean- Dominique Augarde sous le titre d’Allégorie de Clio.

Morlay, Maître, en 1756, et installé dès 1766 rue des Arcis comme Ciseleur et acheveur en bronze pour ornemens d’appartemens dans l’Almanach royal du Dauphin est mentionné parmi les créanciers de l’horloger Lepaute de Bellefontaine.

  • Hauteur : 51 cm – 20 inches
  • Largeur : 46 cm – 18 inches
  • Profondeur : 18 cm – 7 inches

  • René-François Morlay, bronzier, Jean-Antoine Lépine, horloger, Pendule à l’Astronomie, livrée le 28 décembre 1771 pour la chambre de la comtesse de Provence à Versailles, Versailles, château de Versailles et de Trianon (inv. GML 10898)
  • René-François Morlay, bronzier, Pendule à l’Astronomie, vers 1765–1770, Paris, Musée des arts décoratifs (inv. 36244)
  • René-François Morlay, bronzier, Causard, horloger, Allégorie de Clio, vers 1770, collection particulière, illustrée dans Jean-Dominique Augarde, Les ouvriers du temps, Genève, Antiquorum, 1996, p. 293.

    • Archives Nationales (Marais), « Journal du Garde-Meuble de la Couronne (entrées et sorties) », Maison du roi sous l’Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles), 1769–1777 (O/1/3319) Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du temps : la pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon, Genève, Antiquorum, 1996, p. 293.

    • Bertrand Rondot, Jean-Jacques Gautier, Le château de Versailles raconte le Mobilier national : quatre siècles de création, Versailles, château de Versailles, 2011, p.137.
      Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1987, p. 425.