Console en bois sculpté et doré à motif de coquilles et de fleurs 

France, époque Louis XV, vers 1750
Attribué à Nicolas Heurtaut (1720−1771) ou Nicolas-Quinibert Foliot (1706−1776) 
Bois sculpté et doré
Marbre brèche d’Alep

En bois doré, de forme mouvementée, elle est richement sculptée d’enroulements, de guirlandes de fleurs et de feuilles, avec, au centre, une coquille. Elle repose sur deux pieds galbés, ornés de feuilles d’acanthe, reliés par une entretoise centrée d’une coquille inversée, surmontée d’un important panier de roses. Le dessus est en marbre brèche d’Alep. 

Le style « rocaille symétrisé classicisant » 

Cette console participe à un style qualifié de « rocaille symétrisé classicisant », qui naquit vers 1753 et qui consiste en un juste milieu entre le rocaille et le classicisme antiquisant. En effet, sa forme rocaille est ici tempérée par une stricte symétrie et le panier chargé de roses, posé sur l’entretoise tout comme les pieds « rouleaux » rentrants, qui sont des éléments marquant d’un retour à un répertoire classique. 

Le principal représentant de ce style fut l’architecte Pierre Contant d’Ivry (1698−1777) qui réalisait alors l’aménagement du Palais royal. Les formes de cette console présentent des éléments très proches de celles figurants sur un dessin de l’architecte Pierre Contant d’Ivry (1698 – 1777) réalisé pour la salle de jeu du Palais Royal à la demande du duc d’Orléans en 1753–1754. Seuls deux maîtres menuisiers semblent avoir travaillé selon les principes du « rocaille symétrisé classicisant » et peuvent donc être les auteurs de cette console : Nicolas Heurtaut et Nicolas-Quinibert Foliot. 

Nicolas Heurtaut (1720−1771) 

Fils de Claude Heurtaut, sculpteur en sièges, il se maria avec la fille du menuisier, Guillaume Antoine Destrumel. Il fut reçu maître sculpteur à l’académie de Saint-Luc en 1742. De 1742 à 1753, il exerçât comme sculpteur en sièges, rue de Cléry, pour les menuisiers Jean-Baptiste Tilliard, Jean-Baptise-Claude Séné et probablement Jean Avisse et Saint-Georges. En 1753, il fut reçu maître menuisier et s’installa rue de Bourbon, où il exerça comme maître sculpteur et maître menuisier de 1753 à 1771. Son atelier, cas unique dans l’histoire de la menuiserie en sièges et de l’ébénisterie au XVIIIe siècle, put ainsi menuiser et sculpter des sièges en toute légalité corporative. 

Nicolas Quinibert Foliot (1706 – 1776) 

Fils de Nicolas Foliot, menuisier en sièges, il fut reçu maître menuisier en 1729 et s’installa rue de Cléry. C’est à la suite du décès de son père, en 1740, qu’il commença à livrer pour le Garde-Meuble de la Couronne et ce jusqu’en 1775, date de sa retraite. Il était le représentant d’une importante dynastie de menuisiers en sièges comportant notamment ses trois frères, Gabriel, François et Toussaint, sculpteur en sièges, son fils Louis Quinibert et son neveu François Toussaint. 

Nicolas-Quinibert livra régulièrement pour la Couronne en tant que menuisier du Garde-Meuble du Roi, titre qu’il dut acquérir en succession de son ère.
Parmi les quelques clients particuliers, on remarque le maréchal d’Estrées, le baron Bernstoff sous la direction de Contant d’Ivry ou Louise Elisabeth, fille de Louis XV et duchesse de Parme. 

  • Hauteur : 85 cm – 33 1⁄2 inches
  • Largeur : 125 cm – 49 1⁄4 inches
  • Profondeur : 52cm – 20 1⁄2 inches

  • Pierre Contant d’Ivry, Dessin réalisé pour la salle de jeu du Palais Royal à la demande du Duc d’Orléans, 1753–1754

    • Daniel Alcouffe, Yves Carlier, 18e aux sources du design, chefs‑d’œuvre du mobilier 1650- 1790, Paris, Éditions Faton, 2014.

    • Bill G.B. Pallot, L’art du siège au XVIIIe siècle en France, Paris, ACR Éditions, 1987.

    • Bill G.B. Pallot, Le mobilier du Musée du Louvre. Tome II : Siège et consoles (menuiserie) XVIIe et XVIIIe siècles. Paris, Éditions Faton, 1993.