Chaise rocaille à la reine en bois sculpté et doré 

Travail probablement étranger, italien ou allemand, milieu du XVIIIe siècle
Bois sculpté et doré

De lignes sinueuses et à dossier plat, cette chaise à la reine, à l’esthétique puissante, présente un important décor sculpté. Le dossier de forme rectangulaire aux angles arrondis et fortement épaulés, est constitué de traverses et montants en accolade. Il est sommé d’une coquille et d’un important et profond décor de feuilles godronnées et de florales. 

La ceinture de l’assise est également pourvue d’un profond décor sculpté et ajouré. Au centre, un cartel cordiforme composé de feuilles godronnées asymétriques est encadré de volutes. La traverse à la courbe nerveuse est également sculptée de feuilles d’un même décor qui rejoignent la partie haute des pieds. Ces derniers, en forme de S à la courbe fortement appuyée, sont ornés de coquilles à leurs sommets et se poursuivent en volute à leurs extrémités. Des feuilles viennent agrémenter le départ de la volute et les côtés. On retrouve le même décor sculpté puissant sur les côtés de l’assise, centré sur des cartouches cordiformes ajourés. 

Une chaise rocaille italienne ou allemande 

Cette chaise est un excellent exemple de ce que fut la production des menuisiers en sièges italiens ou allemands en pleine période rococo. Ces deux régions ont ainsi vu se développer dans le domaine de la menuiserie en sièges une esthétique puissante à la sculpture profonde qu’il est parfois difficile de distinguer. En effet, les influences étrangères, principalement françaises et anglaises, furent importantes dans l’art du mobilier italien et allemand du XVIIIe siècle, en particulier dans les zones septentrionales, tant en Piémont et Lombardie qu’à Rome. Adoptant certains modèles de sièges par leurs transfigurations, ces régions faisaient leurs les modèles empruntés, en en exagérant souvent le style. Cette chaise pourrait alors être rattachée au style développé dans ces régions. De type « meublante », avec un dossier haut et plat, elle était destinée à être placée le long d’un mur et à s’intégrer à la décoration. 

L’importance et la qualité de sa sculpture répondent probablement à une commande particulière destinée à l’apparat comme en atteste également la dorure tout en exprimant avec talent un goût friand d’exagération avec des montants fortement violonés aux courbes hypertendues et des pieds en forme de S, à la ligne serpentine prononcée, présents en Italie du Nord et au Sud de l’Allemagne. Par ses larges proportions avec un grand dossier fortement épaulé, sa sculpture profonde et son décor mêlant le rocaille, avec des ornements purs naturalistes comme les guirlandes de fleurs sur le haut du dossier et sur la devanture de l’assise ainsi que de part et d’autre du cartouche central, elle s’inscrit parfaitement dans l’esthétique rocaille développée au milieu du XVIIIe siècle dans ces régions. Les motifs sculptés totalement asymétriques comme le cartouche central de la traverse de face de l’assise et surtout la découpe très caractéristique des pieds, en forme de S avec un fort renflement terminé en volute, se retrouvent sur certains sièges de cette époque, exprimant ainsi, par sa forme générale l’inspiration française ayant fortement marqué le mobilier en siège rococo associé à une inspiration vaguement anglaise chippendale qui serait perceptible dans le goût prononcé pour les motifs ajourés. 

Le rococo 

Le terme rococo est apparu en France vers 1730. Il résulterait d’une combinaison des termes rocaille, en français, pour désigner une ornementation imitant les rochers et les pierres naturelles et la forme incurvée de certains coquillages et du terme italien « baroco ». Longtemps péjoratif, ce mot fut adopté au milieu du XIXe siècle pour désigner un mouvement artistique européen à part entière. En Italie, le terme « barocchetto », dérivé du terme baroque peut aussi être utilisé. Il met en évidence l’usage de ce nom pour désigner des œuvres créées après le déclin du mouvement baroque influencé par ceux créés en France sous la Régence (1715−1722) et sous Louis XV (1722−1774) qui se développèrent en Italie avec quelques années d’écart. 

Répondant à l’évolution de la société française dans les dernières années du règne de Louis XIV, mais surtout au cours du règne de Louis XV, qui, après la sévérité et la rigueur des dernières années du règne de Louis XIV aspirait à davantage de légèreté, l’esthétique rocaille se diffusa dans l’ensemble de l’Europe, utilisant pour cela courbes et contrecourbes associées à des éléments d’ornementation reprenant les motifs des grotesques de la Renaissance (masques, feuilles d’acanthe, coquilles). Le rococo tel qu’il se développa en Italie et en Allemagne garda du rocaille français le vocabulaire inspiré de la nature, asymétrie et jeu de lignes tout en y insufflant un esprit plus théâtral, qui gardait une certaine exubérance baroque en conservant des formes opulentes et une riche ornementation. 

  • Hauteur : 104 cm – 41 inches
  • Largeur : 64 cm – 25 inches
  • Profondeur : 51 cm – 20 inches

  • Sarah D. Coffin, Gail S. Davidson, Ellen Lupton, Penelope Hunter-Stiebel, Rococo. The Continuing Curve, 1730–2008, New York, Smithsonian, Mars 2008.

  • Helen Costantino Fioratti, Il mobile italiano dall’antichità allo stile Impero, Firenze – Milano, Giunti, 2004.

  • Alvar González-Palacios, I mobili italiani, Milano, Gruppo BNL, 1996.

  • Mina Gregori, Renato Ruotolo, Luisa Bandera Gregori, « Le mobilier italien de la Renaissance à l’Art Déco », Antiquités & Objets d’art, n°10, 1990.

  • Hauteur : 104 cm – 41 inches
  • Largeur : 64 cm – 25 inches
  • Profondeur : 51 cm – 20 inches

  • Sarah D. Coffin, Gail S. Davidson, Ellen Lupton, Penelope Hunter-Stiebel, Rococo. The Continuing Curve, 1730–2008, New York, Smithsonian, Mars 2008.

  • Helen Costantino Fioratti, Il mobile italiano dall’antichità allo stile Impero, Firenze – Milano, Giunti, 2004.

  • Alvar González-Palacios, I mobili italiani, Milano, Gruppo BNL, 1996.

  • Mina Gregori, Renato Ruotolo, Luisa Bandera Gregori, « Le mobilier italien de la Renaissance à l’Art Déco », Antiquités & Objets d’art, n°10, 1990.