Jacques Gondoin (1737−1818)

Dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne

Jacques Gondoin (dessinateur), Gilles-François Martin, Maquette de bergère « à la romaine » pour le Pavillon du Belvédère, détail, vers 1780, Paris, Musée du Louvre (inv. V 6159)
© 2013 GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Architecte et dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne, Jacques Gondoin est doué d’une grande créativité. Il contribue de manière décisive à l’introduction du goût néoclassique dans les intérieurs royaux.

Jacques Gondoin (dessinateur), François II Foliot (menuisier), atelier de Madame Pierre-Edme Babel (sculptrice), atelier de Marie-Catherine Renon (doreuse), Fauteuil, d’un ensemble destiné au Grand Cabinet intérieur de la reine à Versailles, 1779, New York, Metropolitan Museum of Art (inv. 44.157.2)

Jacques Gondoin est né en 1737 d’un père jardinier du roi au château de Choisy. Formé à l’Académie royale d’architecture, il bénéficie de l’enseignement de Jacques-François Blondel (1705−1774), architecte théoricien des Lumières. Gondoin remporte en 1758 le deuxième prix de l’Académie, avant d’effectuer le traditionnel séjour à Rome. De 1761 à 1762, il découvre les vestiges de la ville antique qu’il étudie et dessine avec soin. Il y fait le relevé complet de la fameuse Villa Hadrien, que son ami et confrère Giovanni Battista Piranesi, dit Piranèse (1720−1778), fréquente régulièrement. Pour compléter sa formation, Gondoin entreprend ensuite un voyage en Hollande et en Angleterre en 1766. De retour à Paris, il reçoit la plus importante commande architecturale de sa carrière : la construction de l’École de chirurgie de Paris. Édifiée entre 1769 et 1775, elle est immédiatement célébrée par ses contemporains comme l’une des réalisations les plus modernes de son époque. Les commentateurs y voient l’essence même de l’architecture antique.

Jacques Gondoin, Dessin d’une soierie réalisée pour le cabinet intérieur de la reine Marie-Antoinette à Versailles, vers 1779, Berlin, KunstBibliothek (inv. Hdz05040)

Jacques Gondoin (dessinateur), Jean Charton (soyeux), Fragment d’une soierie réalisée pour le cabinet intérieur de la reine Marie-Antoinette à Versailles, 1779, Lisbonne, Musée Calouste Gulbenkian (inv. 1401)

À partir de 1767, le Garde-Meuble royal a recours aux services de Gondoin. Deux ans plus tard, il est officiellement nommé architecte et dessinateur du Garde-Meuble. Pierre-Élisabeth de Fontanieu est alors à la tête de cette institution en charge de l’ameublement des résidences royales. Il donne ses ordres au dessinateur, qui conçoit les différents projets avant de laisser la place aux artisans. Pour les commandes les plus importantes, Gondoin imagine jusqu’aux moindres détails. L’ensemble de chaises et de bergères qu’il crée en 1780 pour le pavillon du Belvédère de Marie-Antoinette au Petit Trianon, requiert ainsi une étude de plus de 4 mois, plusieurs fois soumise au jugement de la reine et de Fontanieu. Pour présenter ses projets, Gondoin réalise des dessins en grand. Il fait ensuite réaliser une maquette en cire miniature et un tirage grandeur nature en plâtre, complété par des ornements en cire.
Fontanieu lui confie principalement la conception des meubles de menuiserie, et également certains motifs de soieries. Pour le cabinet intérieur de la reine à Versailles, Gondoin dessine en 1779 un motif à rinceaux de feuillages et médaillons, tissé à Lyon par Jean Charton. Un fragment de cette soierie est aujourd’hui conservé au musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne, et un retissage orne les murs du cabinet du Billard de la Reine à Versailles

Jacques Gondoin (dessinateur), François Toussaint Foliot (menuisier), Veuve Bardou (doreuse), Chaise du pavillon du Belvédère au Petit Trianon, 1781, Versailles, Châteaux de Versailles et de Trianon 
© Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

De 1769 à 1784, Jacques Gondoin tient véritablement le rôle de directeur artistique du mobilier royal. Il reçoit des commandes audacieuses qui font appel à son goût prononcé pour l’Antique. La reine demande ainsi pour le mobilier du pavillon du Belvédère des sièges « du goût le plus nouveau ». Depuis son séjour en Italie, le dessinateur maîtrise le vocabulaire ornemental grec et romain. Il se l’approprie de manière originale, transformant les montants des sièges en torches enflammées, les supports d’accotoirs en sirènes et ornant leurs ceintures de frises de fleurs ou d’enroulements profondément sculptés. Gondoin participe ainsi à l’élaboration d’un goût néoclassique sophistiqué, que l’on retrouve dans les réalisations des artisans gravitant autour du Garde-Meuble de la Couronne. Cette table de milieu des collections de la Galerie Léage évoque cette production, caractérisée par un abondant décor sculpté et des ornements originaux, tels que ces pieds en carquois de flèches.

Table de milieu à huit pieds en carquois, fin du XVIIIe-début du XIXe siècle, Galerie Léage

À venir découvrir à FAB Paris 2025 du 20 au 24 septembre, stand C4

Gondoin crée de nombreux meubles pour les souverains. En 1769, il dessine pour Louis XV un ensemble de vingt-quatre guéridons pour la Galerie des Glaces de Versailles. Il imagine également les sièges du salon des Jeux du roi à Versailles en 1774. Cinq ans plus tard, il se consacre au mobilier du cabinet intérieur de la reine. Gondoin emploie pour chaque ensemble une originalité et une richesse sans pareille.
Le dessinateur travaille également pour l’entourage royal. Il donne des modèles de menuiserie pour Madame du Barry à Louveciennes et au château de Fontainebleau. Le musée du Louvre conserve une rare maquette en cire du lit qu’il imagine pour l’appartement de cette dernière dans cette résidence royale. Ce modèle savamment composé propose une iconographie érudite mêlant conque marine et pampres de vigne.

Jacques Gondoin (dessinateur), Maquette du lit de Madame du Barry pour son appartement au château de Fontainebleau, vers 1772, Paris, Musée du Louvre (inv. OA 12209)
© 2011 GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Franck Raux

En 1784, Gondoin quitte le service du Garde-Meuble. Il poursuit son activité d’architecte et de dessinateur, et garde une véritable influence après la Révolution française. Membre de l’Institut en 1795, il poursuit sa carrière sous l’Empire et se voit confier la réalisation de la colonne Vendôme.

Bibliographie
Château de Versailles, 18e aux sources du design. Chefs-d’oeuvre du mobilier 1650–1790, Éditions Faton, 2014
Svend Eriksen, Early Neo-Classicism in France, Faber and Faber Ltd, 1974
Elleanor Tollfree, « Le mobilier de Marie-Antoinette à la Wallace Collection » in Versalia n°9, 2006, pp 156–177

Nous serons ravis de vous retrouver à FAB PARIS 2025 du 20 au 24 septembre, stand C4.

Mentions légales

© 2025, Galerie Léage

Conçu par Lettera.