Collection Nissim de Camondo

Musée Nissim de Camondo – Hall d’entrée

Moïse de Camondo (1860−1935) est l’un des plus grands collectionneurs d’arts décoratifs du XVIIIe siècle. Il s’inscrit ainsi dans les pas de figures éminentes de l’aristocratie financière et culturelle de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, tels que les Rothschild. Il se distingue cependant par un goût précis et la mise en scène subtile de sa collection.

Roger Vandercruse (ébénisterie), Manufacture de Sèvres (porcelaine), Table en cabaret, vers 1760, Paris, musée Nissim de Camondo (inv. CAM 194)
© Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Installés à Istanbul au XIXe siècle, les Camondo sont une famille de banquiers prospères et philanthropes. Au fait de leur fortune dans les années 1860, ils tournent leurs regards vers la France. Ils s’installent en 1869 à Paris et s’établissent dans la Plaine Monceau. La famille cherche alors à s’intégrer à la haute société financière et industrielle qui affectionne particulièrement ce quartier. Abraham-Béhors de Camondo (1829−1889) et son frère Nissim (1830−1889) font construire ou réaménager de grands hôtels particuliers aux numéros 61 et 63 de la rue de Monceau, par l’architecte à la mode Denis-Louis Destors (1816−1882). Ils y donnent de grandes soirées auxquelles le Tout-Paris se presse. Les deux frères mélangent dans leurs intérieurs meubles, tableaux et objets d’art dont le goût éclectique ne dépare pas la qualité.

Jean-Baptiste Claude Sené, Fauteuil à la reine, vers 17701780, Paris, musée Nissim de Camondo (inv. CAM 198)© Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Nicolas-Denis Delaisement, Fauteuil à la reine, vers 17701780, galerie Léage

Moïse, le fils de Nissim, est ainsi élevé dans un univers parisien cultivé. Peu enclin aux affaires, il se détourne de la banque familiale et se consacre aux arts, tout particulièrement à ceux du XVIIIe siècle. Son entourage a probablement contribué à ce choix : ses beaux-parents les Cahen d’Anvers se consacrent à la restauration du château de Champs-sur-Marne, et son cousin germain, Isaac (1851−1911) est lui-même un collectionneur érudit. Son premier achat important a lieu en 1892, avec l’acquisition d’une commode Transition de Mathieu-Guillaume Cramer (1733−1794) (musée Nissim de Camondo, inv. CAM 636). Il étoffe ensuite progressivement sa collection, affinant son œil grâce aux marchands d’art qui le conseillent. Il se lie d’amitié avec les frères Seligmann, qui lui vendent ses pièces les plus importantes. Moïse est également très proche du monde des musées. Son voisin et ami Carle Dreyfus est conservateur au département des Objets d’art du musée du Louvre, tandis qu’Isaac son cousin est l’un des membres fondateurs de la Société des Amis du Louvre. Au fil des années, il rassemble ainsi dans son entourage de nombreux conservateurs et collectionneurs, qu’il reçoit lors de ses fameux déjeuners « Louvre » et « Marsan ».

François Rémond (bronzes attribués à), Paire de vases montés en bois pétrifié, provenant des collections de la reine Marie-Antoinette, vers 1784, Paris, musée Nissim de Camondo
(inv. CAM 153)
© Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

En 1899, après sa séparation avec sa femme, Moïse s’installe avec ses deux enfants Béatrice et Nissim au 19 rue Hamelin dans le XVIe arrondissement. L’hôtel qu’il loue n’est alors pas tout à fait terminé, lui laissant la possibilité de concevoir le décor intérieur et d’y intégrer parfaitement une collection qui s’étoffe. Il se dédie tout particulièrement aux périodes Transition et Louis XVI, bien qu’une exceptionnelle paire d’encoignures en laque du Japon de Bernard II Van Riesenburgh (1700−1760) (musée Nissim de Camondo, inv. CAM 36), datant du milieu du XVIIIe siècle, ait su le séduire. Les pièces de sa collection se distinguent toutes par leur qualité exceptionnelle, souvent doublée d’une provenance importante. Une très rare paire de vases en bois pétrifié provenant de la salle des Bains de la reine à Versailles est ainsi acquise auprès des Seligmann. Il apprécie particulièrement les pièces originales et rares, comme les deux consoles en acier et bronze doré réalisées d’après le serrurier Pierre Deumier (musée Nissim de Camondo, inv. CAM 190), ou la table de Roger Vandercruse (1728−1799) plaquée de porcelaine de Sèvres et ornée d’un vernis Martin assorti.

Musée Nissim de Camondo – Le Grand Salon
© Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Après le décès de sa mère en 1910, Moïse s’installe au 63 rue de Monceau. Il fait démolir l’hôtel Napoléon III de son père, et demande à l’architecte René Sergent (1865−1927) de construire une maison du XVIIIe siècle digne d’accueillir ses chefs‑d’œuvre. Bâtie entre cours et jardin sur un modèle inspiré du Petit Trianon, elle prend forme autour de sa collection. Les boiseries, achetées pour la plupart en 1911, dictent la hauteur des fenêtres, et des niches sont spécialement aménagées pour certains meubles. Se décrivant plus comme le créateur d’une demeure aristocratique que comme un collectionneur, Moïse est particulièrement attentif à la distribution des meubles et des objets d’art. Il recherche la symétrie et l’harmonie dans ses compositions, tout en leur conservant une certaine vie : le comte et ses enfants occupent en effet toutes les pièces et vivent avec la collection. Il crée ainsi une œuvre d’art totale, hommage formidable aux arts du XVIIIe siècle.
Moïse imagine léguer sa collection à fils, mais ce dernier décède tragiquement pendant la première guerre mondiale. Il décide alors de donner son œuvre à l’Union des Arts décoratifs dont il est le vice-président à la fin de sa vie. Le musée, qui porte le nom de son fils disparu, ouvre ses portes en 1936 révélant ses trésors aux curieux, amateurs et connaisseurs.

Roger Vandercruse, Table en chiffonnière, vers 1760, Paris, musée Nissim de Camondo
(inv. CAM 62)
© Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Roger Vandercruse, Table en chiffonnière, époque Transition, ancienne collection galerie Léage 

Pour la première fois depuis sa création, le musée Nissim de Camondo prête quelques-unes de ses œuvres pour une exposition exceptionnelle à FAB Paris 2025, où il est l’invité d’honneur. Le public pourra apprécier à cette occasion certaines de ses pièces les plus importantes, alors que le musée restera fermé pour travaux jusqu’en 2027. Participant cette année encore à FAB, la galerie Léage sera heureuse de faire cohabiter ses collections avec celles de Moïse de Camondo sous la verrière du Grand Palais

Nous serons ravis de vous retrouver du 20 au 24 septembre, sur notre stand C4.

Bibliographie
Marie-Noël de Gary (dir.), Musée Nissim de Camondo. La demeure d’un collectionneur, Les Arts Décoratifs, 2007
Nadine Gasc, Gérard Mabille, Le Musée Nissim de Camondo, Albin Michel, 1991

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