Console Louis XIV à motifs de têtes d’indiennes
France, époque Louis XIV
Bois sculpté et doré Marbre de RanceLa ceinture de cette console, de forme rectangulaire, arrondie aux angles antérieurs, est ornée d’un quadrillage de losanges au centre duquel se trouve une fleur. Au milieu de chaque côté, un motif de coquille est entouré de feuilles d’acanthe. Le centre de la console est orné d’une tête d’indienne, parée d’une plume, entourée de rinceaux de feuilles d’acanthe. À chaque angle antérieur, une tête d’Indienne porte une coiffe couronnée de plumes avec sous le cou une collerette prolongée par des feuilles d’acanthe. Une partie lisse lui succède annonçant une autre feuille d’acanthe formant le bas du pied. À chaque angle postérieur, les pieds reprennent la même forme avec des motifs de coquille à la place des bustes d’Indiennes. Une entretoise relie les quatre pieds avec, en leur centre, une partie plane, ornée d’un décor d’arabesques ; des fleurs et des feuilles d’acanthe rejoignent les quatre pieds.
Histoire et spécificité des consoles durant le règne de Louis XIV
Classée dans les meubles de menuiserie, la table console est avant tout un meuble d’architecture dans lequel s’est particulièrement épanoui l’art du bois doré. Née à la fin du XVIIe siècle, elle accompagna l’apparition des grands trumeaux de glace et s’installa durablement tout au long du siècle suivant dans le décor intérieur. À l’origine, élément fixe du lambris, elle est créée pour un lieu précis, le plus souvent à l’entrefenêtre ou bien en pendant d’une cheminée dont les marbres sont alors assortis ; on y expose des objets de collection : statues de bronze ou encore vases précieux.
Si les premières consoles créées sous le règne de Louis XIV présentent des piétements en forme de termes ou de gaines, ceux-ci ont eu tendance à prendre des formes sinueuses dans les dernières années du xviie siècle à l’image de cette console.
Clairement faite pour être appliquée au mur et pour être vue de face, cette console est richement ornée de sculptures de femmes aux coiffures ornées de plumes sur la partie avant.Aujourd’hui séparée de son environnement d’origine, elle témoigne de la verve créatrice qui s’empara des sculpteurs ornemanistes dans ce domaine. Sa création relève de l’activité des architectes, des ornemanistes et des sculpteurs.
La représentation de têtes de femme
portant des coiffes ornées de plumes dites « Indiennes »Si Christophe Colomb fut le premier à découvrir l’existence d’un nouveau continent en 1492, l’exploration fut essentiellement menée par les Espagnols et les Portugais jusqu’au début du xvie siècle. Considérant l’enjeu économique et symbolique, François Ier fut le premier souverain français à réellement prendre conscience de l’importance que pouvait avoir le financement d’une expédition. C’est ainsi qu’à partir du XVIe siècle l’exploration du nord du continent américain fut essentiellement menée par les navigateurs français et anglais (Giovanni da Verrazzano en 1524, Jacques Cartier en 1534 ou Cavalier de la Salle et Henri de Tonti en 1682).
Faisant écho à ces découvertes, les Français connurent assez rapidement les vêtements et coiffes des Indiens puisque dès 1536, un certain nombre d’Indiens d’Amérique du Nord firent le voyage en Europe. Ils découvrirent Paris, furent reçus à la Cour, nourrirent l’inspiration d’écrivains comme François Rabelais ou Michel de Montaigne et leurs images furent diffusées par la gravure. La représentation de femmes coiffées de plumes à la manière des coiffures portées par les Indiens, que nous trouvons sur cette console, renvoie à la fascination qu’ils exerçaient, d’autant plus forte sous le règne de Louis XIV que l’exploration du centre du territoire nord-américain se poursuivait alors, marquée par la possession de la Louisiane en 1682. Ainsi, dès le début de son règne, le Carrousel de 1662, un ballet équestre, met en scènes cinq quadrilles illustrant Romains, Persans, Indiens, « sauvages de l’Amérique ». On retrouvera les Indiens, présents lors du Carrousel des galantes amazones en 1686, illustrant l’une des quatre parties du monde. Les dessins de ces costumes, conservés aux Archives nationales, permettent de découvrir les costumes de fantaisie présentant des coiffures empanachées portées lors de ces fêtes.
L’usage de figures, portant des coiffes pourvues de plumes afin d’illustrer cette thématique, est également présent dans le mobilier. Ainsi, on retrouve des bronzes en forme de femme à tête d’Indienne sur une bibliothèque de Charles Cressent abordant le thème des quatre parties du monde, conservée au musée Gulbenkian à Lisbonne. Par ailleurs, les cols des femmes sculptées sur cette console ne sont pas sans rappeler ce que l’on nommait dans les premières décennies du XVIIIe siècle des espagnolettes, terme utilisé pour désigner une mode vestimentaire inaugurée lors du carnaval de 1700. Cet habit de fantaisie était, entre autres, composé d’un collet de dentelle plissé et d’une toque à plume. Fort couru à l’époque, on le retrouve dans les tableaux de Jean-Baptiste Santerre, Alexis Grimou ou dans les œuvres de Nicolas Cressent. Ils ont donc vraisemblablement inspiré les sculpteurs de cette console.
- Hauteur 80 cm – 31 1⁄2 inches
- Largeur : 130 cm – 51 inches
- Profondeur : 66 cm – 26 inches
- Daniel Alcouffe, Yves Carlier, Gérard Mabille, 18e aux sources du design, chefs‑d’œuvre du mobilier 1650–1790, Dijon, Éditions Faton, 2014.
- Elizabeth Caude, Jérôme de La Gorce, Béatrix Saule, Fêtes et divertissements à la cour, Paris, Gallimard, 2016.
- Catherine Hofmann, Hélène Richard, Emanuelle Vagnon, L’Âge d’or des cartes marines, Quand l’Europe découvrait le monde, Paris, Seuil, 2012.
- Bill G.B. Pallot, L’Art du siège au XVIIIe siècle en France, Paris, A.C.R. Gismondi, 1987.
- Bill G.B. Pallot, Le Mobilier du musée du Louvre, volume II, Siège et consoles (menuiserie) XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Éditions Faton, 1993.
- Alexandre Pradère, Charles Cressent, sculpteur, ébéniste du Régent, Dijon, Éditions Faton, 2003.
- Anne-Marie Quette, Le Mobilier français Louis XIII-Louis XIV, Paris, Éditions Massin, 1996
Paire de flambeaux à figures d’homme et de femme portant un chérubin
France, époque Louis XIV, vers 1710
Bronze ciselé et doré
D’après un dessin du sculpteur Corneille Van Clève (1646−1732)Provenance :
Collection de Philippe de Nicolay-Rothschild
Historique de ces modèles de flambeaux
Dans la tradition de la grande orfèvrerie de Louis XIV, dont le mobilier d’argent fut le fleuron et dont Nicolas Delaunay fut un orfèvre, la première série de ces flambeaux, en vermeil, a été livrée le 10 novembre 1702 pour la nouvelle chambre du roi Louis XIV à Versailles par ce même orfèvre :
« Six grands flambeaux d’argent vermeil doré représentant chacun pour le corps un homme nu assis sur un balustre […] et portant sur l’épaule un enfant tenant sur sa tête la bobèche ; […] posé sur un pied rond ciselé dessus de godrons tournants. »
- Dès 1708, une seconde série, également en vermeil, fut livrée pour Marly, l’orfèvre ajoutant alors un pendant sous la forme d’une femme assise.
- Lors de l’inventaire après décès de Delaunay en 1727, une répétition en bronze est décrite.
- Une paire de flambeaux du même modèle a appartenu à la marquise de Pompadour et figure dans sa succession : « n° 574 une paire de flambeaux, supérieurement exécutés et dorés d’or mat. Le corps représente un homme et une femme portant chacun un enfant sur leurs épaules. Hauteur, 16 pouces. » Ils furent acquis par son frère, le marquis de Marigny dont on trouve la description dans l’inventaire. »
L’attribution du modèle à Corneille Van Clève (1646−1732), beau-frère de Nicolas Delaunay, apparait dès le XVIIIe siècle. C’est ainsi que Pierre-Jean Mariette (1694- 1774) fut le premier à associer son nom à ces objets lors de la vente du comte de Pontchartrain en décembre 1747 :
« Deux autres grands chandeliers de bronze, de 14 pouces de haut, dans l’un un homme, et dans l’autre une femme, ont chacun sur leurs épaules un enfant qui tient la bobèche du chandelier ; ils ont été exécutés sur les dessins du sieur Van-Cleve »
(Vente du comte de Pontchartrain, début 1747, sans numéro de lot).- Une paire est décrite dans le catalogue de la vente de M. Selle en février 1761 par l’expert Pierre Remy (1715−1797). Acquise lors de la vente de l’orfèvre Claude II
Ballin (1661−1754) en décembre 1754, elle est alors attribuée à Ballin. Les pieds décrits alors « en rocaille et moulures » correspondent à la paire sans girandole, de la Wallace Collection.
- Ce même expert fut chargé en 1772 de procéder à la prisée de la collection Crozat de Thiers. Il décrit alors dans la galerie du rez-de-chaussée de l’hôtel de la place Vendôme une paire aux corps patinés suivant un modèle de Van Clève même si, lors de la vente de cette même collection, il l’attribue, faisant probablement une coquille, à l’Algarde.
« Deux magnifiques flambeaux de bronze, composés l’un d’un homme qui tient un enfant sur son épaule ; l’autre, d’une femme aussi avec un enfant ; la bobèche qui est sur la tête de chaque enfant, & le pied qui sert de siège à chaque figure, sont dorés. Ces modèles sont de l’Allegarde » (vente Crozat, 26 février 1772, no 916, 430 livres).
- L’attribution du modèle à Van Clève d’une paire patinée est confirmée par l’expert Julliot lors de la vente Randon de Boisset en 1777 :
« Deux flambeaux modèles de Van Cleve ; composés l’un d’un homme qui tient un enfant sur son épaule, l’autre d’une femme aussi avec un enfant ; la bobèche qui est sur la tête de chaque enfant et le pied qui sert de siège à chaque figure, sont dorés : hauteur totale 16 pouces » (vente Randon de Boisset, 27 février 1777, no 266, 650 livres à Julliot).
- Cité dans la vente du comte du Luc, du 22 & 23 décembre 1777 :
« Deux Flambeaux, l’un représente un homme, l’autre une femme, tenant chacun sur une épaule un enfant qui porte sur sa tête une forte bobèche : chaque figure est assise sur un pied de goût mâle de bronze doré comme la bobèche. Hauteur 15 pouces 6 lignes. Ces deux flambeaux viennent aussi du Cabinet de feu M. Randon de Boisset, sous le numéro 266, page 117 de la première partie du Catalogue » (Vente du comte du Luc, 22 décembre 1777, no 16 de 650 livres)
Ainsi connu tant en vermeil, qu’en bronze patiné ou doré ou encore doré d’or mat, comme le modèle ayant appartenu au marquis de Marigny, le modèle de ce bronze suivrait donc un modèle de Van Clève bien que les inventaires de Delaunay, Van Clève et Ballin ne nous permettent pas d’affirmer qui en posséda le modèle et surtout qui en dirigea la fonte et en commercialisa les tirages. Nous pouvons tout au plus émettre l’hypothèse que le premier modèle fut commercialisé par Delaunay mais la fonte peut avoir été réalisée tant par
Delaunay lui-même que par son beau- frère, Corneille Van Clève puisqu’ils partageaient un même four. Le deuxième modèle, correspondant à celui de la Wallace Collection et au nôtre, pourrait par ailleurs avoir été fondu par l’orfèvre Ballin.
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Ces flambeaux reposent chacun sur une base circulaire à plinthe, ornée d’une rangée de rais- de-cœur, puis d’une doucine incurvée. Le dessus de la base présente un décor hélicoïdal et tournoyant de cotes guillochées cernées de bancs d’encadrement simulant par endroits des entrelacs. Un peu plus haut, un piédestal composé de baguettes moulurées est noué par des rubans entrecroisés dont les quatre intersections sont recouvertes de fleurettes épanouies. Il supporte un balustre dont la panse est ornée de palmettes, disposées tête-bêche dans des cartouches composés de croissant affrontés. Le col est agrémenté de fines cannelures.
L’un des flambeaux représente une femme, les cheveux noués sur la tête, torse nu et presque assise sur le balustre, les jambes légèrement repliées l’une derrière l’autre, et en partie couvertes d’une étoffe en drapé. L’autre représente un homme assez dénudé, les cheveux bouclés, assis sur le balustre où il pose son pied et sa jambe pliée est partiellement couverte par un petit drapé qu’il retient de sa main droite posée.
Ces personnages supportent chacun sur une épaule un chérubin, vêtu pour l’un d’une petite étoffe et pour l’autre d’une ceinture de feuilles de vignes d’où s’échappent quelques raisins, ainsi que, pour les deux, d’une bandoulière. Le premier enfant s’agrippe à la femme qui le tient de sa main droite. Le second est tenu par le bras et la main gauche de l’homme. Ils supportent au-dessus de leur tête, respectivement d’un bras puis de deux bras, un coussin rond évasé à godrons rayonnants et, plus haut, une belle et importante bobèche dont la panse à renflement évoque des motifs d’écailles superposées. Au-dessus court une frise de postes d’où s’échappent des fleurons. Le col est cerné d’une rangée de petites feuilles pliées. Ces flambeaux sont chacun sommés par un binet dont les bords sont ciselés de feuilles torsadées.
Corneille Van Clève (1645 – 1732)
Corneille Van Clève est un sculpteur français, né à Paris en 1645, appartenant à une famille d’orfèvres. Selon le comte de Caylus, il aurait fait son apprentissage dans l’atelier du sculpteur Michel Anguier (1612−1686). Complétant sa formation initiale par un long séjour d’une dizaine d’années en Italie, il fut d’abord à Rome comme pensionnaire du roi, de 1611 à 1617, puis à Venise de 1617 à 1680. Il fut très marqué par l’art du Bernin.
De retour à Paris, il fut admis à l’Académie en 1681, avec Polyphème (Paris, musée du Louvre). Il est intervenu sur de nombreux chantiers royaux : le château de Versailles pour lesquels il créa Ariane endormie, Mercure, Enfants à la conque, Lion et sanglier, Lion et loup, en collaboration avec Jean Melchior Raon (1630−1719), et de nombreuses décorations (vases, chapiteaux, figures, bas-reliefs) mais également aux châteaux de Marly et de Meudon. Le maître-autel de la chapelle du château de Versailles est probablement l’une de ses œuvres les plus connues. Il y représente un Ange aux ailes déployées, deux Adorateurs, des Chérubins et la Déposition de la croix. Par ailleurs, il intervint sur de nombreux chantiers religieux et fut ainsi l’auteur de Deux anges et une gloire (Église Saint-Paul-Saint-Louis), d’un Ange (Église de la Sorbonne), d’un Christ en croix accompagné de la Madeleine (Église de Saint- Germain‑l’Auxerrois), d’un Ange portant le roseau et un Ange tenant la couronne d’épines (Notre-Dame de Paris), du tombeau d’Anne des Essarts (Église de Saint Benoît). Van Clève réalisa également pour les particuliers des monuments funéraires (Monument au cœur des princes de Condé ainsi que celui de Marguerite de Laigue).
Artiste complet, il travailla tous les matériaux, du bois au marbre, en passant par les stucs et le bronze. Van Clève eut son propre atelier de fonte et il produisit au début du XVIIIe siècle des statuettes prisées par les amateurs, conservées au musée du Louvre : Léda et le Cygne, Diane et Endymion, Bacchus et Ariane. Issu d’une famille d’orfèvre et beau-frère de Nicolas Delaunay (1646−1727), orfèvre et directeur des Monnaies et des Médailles du roi, son activité s’étendit aux objets d’art puisqu’il créa un lustre et une girandole pour Marly. Nommé professeur en 1693, il fut adjoint au recteur en 1706, directeur en 1711, recteur en 1715, chancelier en 1720 et décéda en 1732.
Nicolas Delaunay (1646 – 1727)
La destruction massive de l’orfèvrerie française du xviie siècle, conséquence des deux grandes fontes ordonnées par Louis XIV en 1689 et 1709, ne nous laisse que peu d’informations sur l’orfèvrerie parisienne de cette époque. Nous savons cependant que Nicolas Delaunay était alors considéré comme « un des beaux génies que la France ait produit » par l’architecte suédois Nicodème Tessin et son compatriote, le diplomate Daniel Cronström. Delaunay a été, avec Claude Ballin, l’un des plus fameux créateurs du mobilier d’argent et de la vaisselle en or de Louis XIV.
Membre d’une dynastie d’orfèvres, il est fils de l’orfèvre et monnayeur Louis Delaunay. Ce dernier étant mort prématurément en 1650, Nicolas Delaunay n’apprit donc pas son métier dans l’atelier paternel. Bien que nous n’ayons pas conservé son contrat d’apprentissage, il est probable qu’il eut Claude Ballin parmi ses premiers maîtres. Lors de la signature de la déclaration de poinçon, passée par Nicolas Delaunay le 7 octobre 1672, l’orfèvre livra la description de son poinçon de maître « une fleur de lys couronnée, deux grains à côté, au- dessous un N, un D et un L ». Dans cet acte juridique exigé de tout nouveau maître orfèvre de Paris, « le sieur Claude Ballin, marchand orfèvre à Paris et demeurant aux galeries du Louvre », apporta sa caution financière, pendant que « René Cousinet, marchand orfèvre sur le quai des Orfèvres » et l’apothicaire Antoine Regnault se portèrent témoins. Dès l’époque de sa maîtrise, validée par la Cour des monnaies le 10 octobre 1672, Delaunay apparut donc comme un proche, peut-être un protégé de Claude Ballin. Au mois de mai 1676, en épousant Madeleine Ballin, fille du peintre Michel Ballin, le propre frère de Claude Ballin, Delaunay devint le neveu par alliance de Ballin et renforça encore ses liens de maître à élève. Le contrat de mariage passé le 24 mai 1676, nous apprend que le jeune ménage s’engagea à loger chez l’oncle de sa femme pendant deux ans. À l’issue des deux ans, Delaunay reçut une « récompense » de 1000 livres et put travailler désormais comme « associé » de Ballin.
Médailleur depuis 1677 en la Monnaie de Paris, il fut nommé le 22 novembre 1696 « directeur du balancier des Médailles » au Louvre et ajouta à cette fonction une charge anoblissante de secrétaire du roi. Louis XIV lui confia, dès 1714, le soin de réaliser sa vaisselle d’or et son mobilier d’argent.
Claude II Ballin, dit le Jeune (vers 1660 – 1754)
Beau-frère de l’orfèvre Nicolas Delaunay (1646−1727), Claude II Ballin fit son apprentissage auprès de son oncle, Claude Ballin (1615−1678). Il dessina la plupart des œuvres de celui-ci, sauvegardant ainsi leur souvenir après les grandes fontes de l’argenterie royale. Le roi Gustave III de Suède, admirateur des œuvres de son oncle, Claude Ballin, fit acheter une partie des dessins de mobilier, conservés aujourd’hui au musée national des Beaux-arts de Stockholm, en Suède. Orfèvre du roi, Claude II Ballin était considéré comme l’un des plus éminents orfèvres de son temps et reçut donc des commandes d’argenterie de nombreuses cours d’Europe.
- Hauteur : 40,5 cm – 15 7⁄8 inches
- Largeur : 20,5cm – 8 1⁄8 inches
- Michèle Bimbenet-Privat, Les Orfèvres et l’orfèvrerie de Paris au XVIIe siècle, tome II, Paris, Commission des travaux historiques de la Ville de Paris, 2002, p. 371–373.
- Michèle Bimbenet-Privat, « Le maître et son élève : Claude Ballin et Nicolas Delaunay, orfèvres de Louis XIV », in Bibliothèque de l’École des chartes, t. 161, 2003, p. 221–239.
- Yves Carlier, « Sur quelques modèles de flambeaux en usage à la cour de France au XVIIIe siècle », In Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, no 2, 1999. p. 60–65.
- Comte de Caylus, « Vie de Corneille Van Clève, sculpteur », In Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, publiés d’après les manuscrits conservés à l’École impériale des beaux-arts, tome II, Paris, J.-B. Dumoulin, 1854, p. 73–79.
- P. Hughes, The Wallace Collection. Catalogue of Furniture, III, London, Wallace Collection, 1996, p. 1193–1195.
- Martin Chapman, Marc Bascou, Michèle Bimbenet-Privat, Royal Treasures from the Louvre : Louis XIV to Marie Antoinette, San Francisco, Fine Arts Museums of San Francisco, 2013, p. 42, cat. 12.
- Gérard Mabille, « Le mobilier d’argent de Louis XIV », in Quand Versailles était meublé d’argent, Paris, Réunion des musées nationaux, 2007, p. 78–79, fig. 65–66 et 67 et p. 234- 235, cat. 9 et 10.
- Jean Nérée Ronfort (dir.), André-Charles Boulle. Un nouveau style pour l’Europe (1642- 1732), Paris, Éditions Somogy, 2009, p. 280–281.
- François Souchal, French sculptors of the 17th and 18th centuries. The reign of Louis XIV. Vol III. M‑Z, Oxford, Cassirer, 1987, p. 398–399, cat. 71–72 et 73.
Pendule Transition Martin · Astronomie
Paris, époque Louis XVI, vers 1780
Bronze ciselé, doré et patiné
Attribué à Jean-Louis Prieur (1759−1795)
Réalisée par René-François Morlay
Le mouvement est signé Martin à ParisLe cadran circulaire émaillé blanc, légèrement postérieur, indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré. Le mécanisme est signé Martin à Paris à l’arrière. Il s’inscrit dans une caisse en bronze ciselé, patiné et doré. Sur le côté gauche, une figure féminine debout vêtue d’une toge « à l’antique », chaussée de sandales à lanières et les cheveux relevés en chignon, légèrement inclinée au-dessus de la boîte du mouvement, se penche sur de longues feuilles de parchemin simulées qu’elle tient par un coin, de la main gauche. Ainsi, elle symbolise l’Astronomie. Entre deux feuilles, s’échappe une forte chute de branches fleuries et feuillagées retombant de l’autre côté de la caisse. À droite de cette dernière, un jeune amour ailé évolue sur une étoffe qui recouvre une mappemonde, des livres, une équerre, un porte- fusain et un rapporteur, attributs évoquant la connaissance du Monde. La boîte cylindrique du mouvement est ornée d’une lunette à décor de feuilles de chênes et de glands. Elle pose sur plusieurs contre-socles parallélépipédiques supportés par une base en doucine à motifs de grandes feuilles aplaties. La base géométrique à ressauts est ornée dans des encadrements en réserve de deux rosaces tournoyantes sur la face, de frises de fleurettes et pastilles en léger retrait (sur le revers) et de fortes guirlandes de feuilles de chênes et de glands sur la face et les côtés. Enfin, la pendule repose sur quatre petits pieds quadrangulaires droits et à cannelures.
Un modèle à succès de pendule de René-François Morlay
Cette pendule a très vraisemblablement été exécutée d’après un dessin du célèbre ornemaniste Jean-Louis Prieur, dont le style semble caractéristique des années 1770. Une pendule identique fut livrée en décembre 1771 pour la chambre de la comtesse de Provence au château de Versailles, appartenant aux collections du mobilier national et aujourd’hui exposée au château de Versailles. La description de celle-ci au moment de sa livraison correspond bien à ce modèle même si le rédacteur a dû inverser droite et gauche :
« Pour servir dans la chambre à coucher de Madame la Comtesse de Provence au château de Versailles. Une pendule faite par Lépine horloger du Roy allant 15 jours, sonnant les heures et les demi heures, le cadran d’émail entouré d’une guirlande de fleurs ayant 7 pouces de diamètre, les aiguilles dorées, portée sur un socle d’architecture orné sur les faces de guirlandes de laurier, ayant à droite [sic] une figure de femme qui représente l’Astronomie appuyée à gauche sur un rouleau et tenant de la main droite une plume et à droite un génie sur un globe et sur des livres qui regarde l’heure, le tout en bronze ciselé et doré d’or moulu, ayant 18 pouces de large sur 20 pouces de hauteur ».
Un autre exemplaire similaire à cette pendule est conservé au Musée des arts décoratifs de Paris (inv. 36244). Un troisième exemplaire de cette pendule, signée René-François Morlay est conservée dans une collection privée et est reproduite dans l’ouvrage de Jean- Dominique Augarde sous le titre d’Allégorie de Clio.
Morlay, Maître, en 1756, et installé dès 1766 rue des Arcis comme Ciseleur et acheveur en bronze pour ornemens d’appartemens dans l’Almanach royal du Dauphin est mentionné parmi les créanciers de l’horloger Lepaute de Bellefontaine.
- Hauteur : 51 cm – 20 inches
- Largeur : 46 cm – 18 inches
- Profondeur : 18 cm – 7 inches
- Archives Nationales (Marais), « Journal du Garde-Meuble de la Couronne (entrées et sorties) », Maison du roi sous l’Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles), 1769–1777 (O/1/3319) Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du temps : la pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon, Genève, Antiquorum, 1996, p. 293.
- Bertrand Rondot, Jean-Jacques Gautier, Le château de Versailles raconte le Mobilier national : quatre siècles de création, Versailles, château de Versailles, 2011, p.137. Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1987, p. 425.