Cartel en bronze ciselé et doré
Cartel en bronze ciselé et doré
France, époque Louis XV
Mouvement signé « Bailly L’Aîné à Paris »
Bronze ciselé et doréLe cadran circulaire émaillé, signé « BAILLY L’AINE A PARIS », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffre arabes par deux aiguilles ajourées en bronze doré. Il s’inscrit dans une caisse mouvementée, à décor asymétrique entièrement réalisé en bronze ciselé et doré. L’ensemble est décoré sur la gauche de motifs moulurés terminés en enroulements, de branches de lierre et feuilles d’acanthe d’où émergent des fleurs épanouies, mélange stylisé de bignones et ipomées, et des pampres de vignes sur la droite. Une feuille godronnée souligne la partie gauche du cadran. Ce dernier reposant, de plus, sur décor de motifs de croisillons centrés de fleurettes qui se détachent sur un contre-fond de tissu bleu.
La partie inférieure est formée d’enroulements, l’amortissement étant décoré de volutes en forme de C.
Un cartel rocaille
Se développant à partir des années 1720, les origines de l’ornement rocaille connaissent plusieurs explications. Le plus souvent, les formes de coquilles et de palmettes sont mises en avant pour expliquer sa genèse. Certains avancent par ailleurs l’idée que l’ornement rocaille serait la continuation des décorations de grottes ou de formes pétrifiées, ce qui expliquerait le nom de celui-ci. Le progrès des sciences naturelles, la mode des collections de curiosités naturelles comme les madrépores, les coraux, les pétrifications et les coquilles favorisèrent probablement le développement de ce répertoire ornemental caractérisé par l’utilisation de volutes, de feuillages, de coquillages, de rochers naturels et de motifs minéraux.
S’il s’est répandu dans toute l’Europe, dans certains pays son exubérance alla jusqu’à l’asymétrie où il fut alors qualifié par le terme de rococo. En France, il s’exprima d’une forme plus sobre où la symétrie resta de mise pour la forme générale des meubles ou des bronzes concernés. Ainsi, le bronze doré fut un terrain d’exploration particulièrement favorable à l’expression du vocabulaire rocaille allant parfois jusqu’à oser l’asymétrie des ornements, comme l’illustre ce cartel où mouvements et volutes sont asymétriques. La sobriété française est cependant mise à l’honneur pour le cadran central.
Joachim Bailly
Joachim Bailly l’Ainé, également connu sous le nom de Bailly l’Ainé, travaillait à Paris où il devint maître en 1749. Il est répertorié à différentes adresses à Paris, dont la rue de Bourg l’Abbé en 1746, la rue Saint-Honoré en 1755, la rue Dauphine en 1772 et la rue Saint-Denis à partir de 1778. Travailla rue Saint-Honoré, puis rue Dauphine dès 1772. Il signe ses mouvements « Bailly l’Aîné ».
- Hauteur : 65 cm – 25 1⁄2 inches
- Largeur : 41 cm – 16 1⁄4 inches
- Hans Ottomeyer, Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen : die Bronzenarbeiten des Spätbarock und Klassizismus, München, Klinkhardt & Biermann, 1986.
- Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française, du Moyen Age au XXe siècle, Paris, les éditions de l’amateur, 1997.
- Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, édition Picard, 1987.
Chaise rocaille à la reine en bois sculpté et doré
Travail probablement étranger, italien ou allemand, milieu du XVIIIe siècle
Bois sculpté et doréDe lignes sinueuses et à dossier plat, cette chaise à la reine, à l’esthétique puissante, présente un important décor sculpté. Le dossier de forme rectangulaire aux angles arrondis et fortement épaulés, est constitué de traverses et montants en accolade. Il est sommé d’une coquille et d’un important et profond décor de feuilles godronnées et de florales.
La ceinture de l’assise est également pourvue d’un profond décor sculpté et ajouré. Au centre, un cartel cordiforme composé de feuilles godronnées asymétriques est encadré de volutes. La traverse à la courbe nerveuse est également sculptée de feuilles d’un même décor qui rejoignent la partie haute des pieds. Ces derniers, en forme de S à la courbe fortement appuyée, sont ornés de coquilles à leurs sommets et se poursuivent en volute à leurs extrémités. Des feuilles viennent agrémenter le départ de la volute et les côtés. On retrouve le même décor sculpté puissant sur les côtés de l’assise, centré sur des cartouches cordiformes ajourés.
Une chaise rocaille italienne ou allemande
Cette chaise est un excellent exemple de ce que fut la production des menuisiers en sièges italiens ou allemands en pleine période rococo. Ces deux régions ont ainsi vu se développer dans le domaine de la menuiserie en sièges une esthétique puissante à la sculpture profonde qu’il est parfois difficile de distinguer. En effet, les influences étrangères, principalement françaises et anglaises, furent importantes dans l’art du mobilier italien et allemand du XVIIIe siècle, en particulier dans les zones septentrionales, tant en Piémont et Lombardie qu’à Rome. Adoptant certains modèles de sièges par leurs transfigurations, ces régions faisaient leurs les modèles empruntés, en en exagérant souvent le style. Cette chaise pourrait alors être rattachée au style développé dans ces régions. De type « meublante », avec un dossier haut et plat, elle était destinée à être placée le long d’un mur et à s’intégrer à la décoration.
L’importance et la qualité de sa sculpture répondent probablement à une commande particulière destinée à l’apparat comme en atteste également la dorure tout en exprimant avec talent un goût friand d’exagération avec des montants fortement violonés aux courbes hypertendues et des pieds en forme de S, à la ligne serpentine prononcée, présents en Italie du Nord et au Sud de l’Allemagne. Par ses larges proportions avec un grand dossier fortement épaulé, sa sculpture profonde et son décor mêlant le rocaille, avec des ornements purs naturalistes comme les guirlandes de fleurs sur le haut du dossier et sur la devanture de l’assise ainsi que de part et d’autre du cartouche central, elle s’inscrit parfaitement dans l’esthétique rocaille développée au milieu du XVIIIe siècle dans ces régions. Les motifs sculptés totalement asymétriques comme le cartouche central de la traverse de face de l’assise et surtout la découpe très caractéristique des pieds, en forme de S avec un fort renflement terminé en volute, se retrouvent sur certains sièges de cette époque, exprimant ainsi, par sa forme générale l’inspiration française ayant fortement marqué le mobilier en siège rococo associé à une inspiration vaguement anglaise chippendale qui serait perceptible dans le goût prononcé pour les motifs ajourés.
Le rococo
Le terme rococo est apparu en France vers 1730. Il résulterait d’une combinaison des termes rocaille, en français, pour désigner une ornementation imitant les rochers et les pierres naturelles et la forme incurvée de certains coquillages et du terme italien « baroco ». Longtemps péjoratif, ce mot fut adopté au milieu du XIXe siècle pour désigner un mouvement artistique européen à part entière. En Italie, le terme « barocchetto », dérivé du terme baroque peut aussi être utilisé. Il met en évidence l’usage de ce nom pour désigner des œuvres créées après le déclin du mouvement baroque influencé par ceux créés en France sous la Régence (1715−1722) et sous Louis XV (1722−1774) qui se développèrent en Italie avec quelques années d’écart.
Répondant à l’évolution de la société française dans les dernières années du règne de Louis XIV, mais surtout au cours du règne de Louis XV, qui, après la sévérité et la rigueur des dernières années du règne de Louis XIV aspirait à davantage de légèreté, l’esthétique rocaille se diffusa dans l’ensemble de l’Europe, utilisant pour cela courbes et contrecourbes associées à des éléments d’ornementation reprenant les motifs des grotesques de la Renaissance (masques, feuilles d’acanthe, coquilles). Le rococo tel qu’il se développa en Italie et en Allemagne garda du rocaille français le vocabulaire inspiré de la nature, asymétrie et jeu de lignes tout en y insufflant un esprit plus théâtral, qui gardait une certaine exubérance baroque en conservant des formes opulentes et une riche ornementation.
- Hauteur : 104 cm – 41 inches
- Largeur : 64 cm – 25 inches
- Profondeur : 51 cm – 20 inches
- Sarah D. Coffin, Gail S. Davidson, Ellen Lupton, Penelope Hunter-Stiebel, Rococo. The Continuing Curve, 1730–2008, New York, Smithsonian, Mars 2008.
- Helen Costantino Fioratti, Il mobile italiano dall’antichità allo stile Impero, Firenze – Milano, Giunti, 2004.
- Alvar González-Palacios, I mobili italiani, Milano, Gruppo BNL, 1996.
- Mina Gregori, Renato Ruotolo, Luisa Bandera Gregori, « Le mobilier italien de la Renaissance à l’Art Déco », Antiquités & Objets d’art, n°10, 1990.
Paravent à trois feuilles en tapisserie de la Savonnerie
France, vers 1800
Manufacture de la Savonnerie
Dessin de la tapisserie « rose à la mosaïque »
Attribué à Jean-Baptiste Blain de Fontenay (1653−1715) LaineChaque feuille représente au milieu une rose à la mosaïque, en bas un panier de fruits accompagné de deux écureuils, au-dessus deux guirlandes de fleurs, en haut un panier de fleurs, un perroquet, deux guirlandes de fleurs et deux perroquets perchés sur un listel jaune.
Les premières tapisseries représentant ce dessin et destinées à faire des paravents ont été exécutées dans les Ateliers de Chaillot en 1707. La description de six paravents livrés pour les vestibules du château de Marly par le Garde- Meuble de la Couronne le 30 janvier 1709, le 26 octobre 1709 et le 3 mars 1710 est similaire à celle de ce paravent :
« Un paravent de six feuilles, couvertes des deux côtés d’ouvrage de laine de la Savonnerie et garni d’un galon d’or cloué : chaque feuille représentant au milieu une rose à la mosaïque sur fond blanc : en bas un panier de fruit accompagné de deux écureuils, au-dessus deux guirlandes de fleurs et fruits au naturel. En haut un panier de fleurs, le tout sur fond bleu, enfermé d’un listel jaune, sur lequel listel sont posés des perroquets verts sur fond pourpre qui règne autour : le paravent haut de 4 pieds un pouce. »
Manufacture de la Savonnerie
Introduite en France par le tapissier Pierre Dupont accueilli au Louvre par Henri IV, la technique du tapis au point noué « façon de Turquie et du Levant » prit son essor sous Louis XIII, lorsque Simon Lourdet, un apprenti de Dupont, créa à son tour, sous patronage royal, un atelier dans le bâtiment d’une ancienne savonnerie située à Chaillot. La manufacture, appelée désormais Savonnerie, connut son heure de gloire sous le règne de Louis XIV, sous la direction de Charles Le Brun. Sa production était alors réservée au roi pour l’ameublement de ses résidences ou pour les présents diplomatiques. Un des plus importants et des premiers ouvrages fut l’ensemble de 93 tapis mesurant chacun 9 m de long destiné à la Grande Galerie du Louvre réalisé pendant une quinzaine d’années à partir de 1668 et dont subsiste des témoignages répartis dans divers musées (Musée Nissim de Camondo, musée du Louvre, etc.) Si les principaux ouvrages issus de cette manufacture sont des tapis, celle-ci produit également de nombreuses garnitures de sièges et des paravents.
Rattachée à la Manufacture des Gobelins dont elle devint un atelier spécial en 1825, elle vint s’installer dès 1826 dans l’enclos des Gobelins où aujourd’hui encore elle poursuit son activité.
- Hauteur : 140 cm – 55 inches
- Largeur d’une feuille : 61 cm – 24 inches
- Stéphane Casteluccio, Le château de Marly sous le règne de Louis XVI, étude du décor et de l’ameublement des appartements du Pavillon royal sous le règne de Louis XVI, Paris, RMN, 1996, p. 56.
- Jean Coural, Les Gobelins, Beauvais, la Savonnerie, Paris, 1976.
- Pierre Verlet, The James A. de Rothschild collection at Waddesdon Manor, The Savonnerie, its history the Waddesdon collection, Fribourg, 1982, p. 325–329.